L’histoire de la médecine il y a 100 ans décrite avec brio par Jean-Claude Debongnie illustre de manière évidente cette évolution qui nous confirme que c’est bien la deuxième moitié du vingtième siècle qui a vu un développement incroyable et fascinant de la médecine et du soin dans tous les domaines. L’évolution et la dynamique des connaissances médicales atteint des niveaux exceptionnels et historiques. Alors qu’il fallait environ 50 ans pour doubler les données médicales de recherche en 1950, avec l’accélération des nouvelles données, en 1980 il ne faut plus qu’environ 7 ans, et en 2010 les données doublent en 3.5 ans (1) (2). Que ce soit en découvertes sur le plan diagnostic ou thérapeutique, la clinique que nous envisageons aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celle que nos prédécesseurs ont pratiquée avant nous.
Et c’est bien la recherche qui a permis de telles avancées, qu’elle soit fondamentale, et donc essentielle, ou appliquée ce qui permet d’en mesurer de manière concrète les progrès au quotidien. Le parcours exemplaire et passionnant des professeurs émérites décrit dans ce numéro illustre à la fois le dynamisme de notre faculté et la qualité des personnes qui la compose.
Tous ont un nombre impressionnant de publications dans des domaines variés et essentiels des spécialités concernées mais ont aussi un engagement sociétal de qualité au service de l’institution et des patients qui s’adressent à eux. Nul doute que, clôturant une carrière exemplaire, ils vont poursuivre leur action d’une manière judicieuse et utile que ce soit sur le plan familial ou sociétal. C’est ce que l’on peut leur souhaiter de meilleur pour les années à venir.
L’art est décidément un regard essentiel sur le soin et l’humanisme qui en est l’essence. La beauté subtile et le raffinement de l’Ikebana nous instruit sur la portée de l’éphémère construit sans autre but que de servir d’abord celui qui l’a conçu et ensuite tous ceux qui, par leur regard, vont lui donner vie et sens. Comme l’écrit très judicieusement Carl Vanwelde, il est « habité par le passé, les rêves, les espoirs, la conception du beau, l’éthique propre de celui - ou celle - qui lui a donné vie. » La complexité apparente du montage floral nous rappelle la complexité de nos sociétés et le danger des raccourcis qui nous gouvernent aujourd’hui que ce soit via les réseaux sociaux ou l’accélération des évènements inquiétants sociaux, environnementaux, guerriers. Et si la beauté de cette image nous illustrait la nécessité de la lenteur comprise comme étant le temps nécessaire par exemple à l’écoute dans le soin, la distance nécessaire pour aborder la difficulté des patients et le besoin d’une réponse éthique et sociale réfléchie avec d’autres, nous engageait à la modestie nécessaire devant l’incertitude inhérente au soin, et à la simplicité pour laisser à ceux qui aujourd’hui nous interpellent sur notre destruction du vivant une planète qui ait enfin intégré le concept de « one health », l’unité du vivant et l’interdépendance de chacun de ceux qui le compose.
Dominique Pestiaux
Références
1. Chuang Ian, MD. L’évolution et la dynamique des connaissances médicales. Comment pouvons-nous répondre aux besoins en connaissances médicales des médecins dans un monde où la recherche et les avancées scientifiques évoluent sans cesse ? Elsevier. 15.04.2021.
2. Densen P. Challenges and opportunities facing medical education. Trans Am Clin Climatol Assoc. 2011;122:48-58. PMID: 21686208; PMCID: PMC3116346.