Comme le souligne un éditorial récent du Lancet (1) la confiance dans la recherche et son rôle dans la décision politique a suscité bien des discussions et commentaires. Le nombre de soumissions pour les revues a augmenté de manière significative et la tâche des « peer reviewers » en a été rendue plus complexe. Le mot-clef « covid-19 » dans la banque de données Pubmed ramène 56.236 résultats le 21-09-2020. Dans un tel contexte, l’incertitude générée par une maladie à ses débuts et la méconnaissance de ses mécanismes, de son évolution, du traitement ou encore de la prévention de celle-ci ont conduit à des décisions parfois hasardeuses, souvent contestées, parfois proposées par des personnes ne maîtrisant pas les données évolutives de la science. L’éditorial du Lancet souligne que la pandémie aura eu une énorme influence sur une recherche collaborative, adaptative et rapide avec comme conséquences des publications nombreuses, en rafale et parfois la nécessité de se rétracter sur certains sujets. On l’a vu avec la saga de l’hydroxychloroquine et de l’azythromycine.
Cette incertitude, les généralistes sont habitués à vivre avec celle-ci et ils ont d’abord été mis de côté par les instances politiques et décisionnelles du système de santé. Bien organisés et déterminés, ils ont ensuite été intégrés dans la débat public et leurs avis, bien que non reconnus au départ, se sont avérés ensuite pertinents, démontrant une fois de plus que l’expertise clinique et l’observation clinique sont des atouts considérables dans un tel contexte.
Nous avons dès lors interrogé deux représentants de la médecine générale. Cette interview est présentée dans ce numéro de l’Ama-Contact qui, par ailleurs, propose un rappel historique de ce qu’ont été les épidémies dans le passé.
Nous publions également deux textes concernant des recherches et observations cliniques réalisées aux Cliniques universitaires Saint-Luc et qui illustrent combien celles-ci ont été essentielles pour mieux connaître le virus et diminuer les incertitudes avec lesquelles les praticiens ont dû soigner leurs patients.
Le public, comme les médecins, comme les scientifiques se rendent compte que la « vérité » n’est pas une donnée objective, neutre. Ce n’est pas « les tables de la loi » proclamées par le dieu « science ». C’est un chemin fait de confrontations, de complexité, d’un contexte sociétal. Le comprendre peut-être désarçonnant, voire anxiogène pour le public, utile pour ceux qui s’estiment propriétaires de « la vérité » alors qu’ils ne sont détenteurs que d’une parcelle, certes précieuse.
Dominique Pestiaux, Jean-Claude Debongnie
Références
Editorial. COVID-19: a stress test for trust in science. www.thelancet.com Vol 396 September 19, 2020. P.799.