La leçon de Frida Kahlo
Les jeunes médecins à l’occasion de leur discours de promotion ont bien compris l’importance de leurs deux têtes lorsqu’ils ont déclaré : « Suite à cette année, nous avons aussi compris que la médecine représentait quelque chose de plus grand que simplement guérir son patient. Cela implique de penser Santé à tous les niveaux ». 184ème promotion. « Nous sommes devenus de meilleurs cliniciens et surtout, de meilleurs humains ». 185ème promotion. L’humanisme est bien au cœur de la relation avec le malade quelle que soit sa souffrance.
Ces deux têtes sont également illustrées de manière magistrale par le tableau de Frida Kahlo « mettant à nu sa souffrance et ses sentiments et qui accepte son destin face à l’impossible, droite et résignée ». C. Daumerie nous en décrit tous les aspects en les resituant dans le contexte d’une « vie bouleversée » (Etty Hillesum).
À la rencontre des P.U.L
L’interview de Bérangère Deprez, responsable des PUL (Presses universitaires de Louvain) et les deux exemples d’ouvrages publiés par celles-ci nous illustrent le dynamisme de l’UCLouvain et démontrent l’importance de publications rigoureuses, pertinentes, adaptées à un monde en évolution rapide. C’est aussi ce que nous illustre la saga de la découverte de l’insuline, fruit de longues années de recherche, et surtout de l’apport de nombreux chercheurs dont le mérite n’a pas toujours été reconnu. La science, l’une des deux têtes du médecin, est bien celle qui nous permet aujourd’hui de vivre quasi normalement grâce aux découvertes de ces vingt dernières années tant en recherche fondamentale qu’appliquée dans le domaine du Covid-19 et des vaccins ARN. Et ce malgré de nombreuses fake news sur les réseaux sociaux.
C’est ce qu’exprime de manière claire le propos d’Axel Kahn dans son dernier ouvrage (2) : « La discussion d’hypothèses scientifiques telle l’évolution du climat et ses causes repose sur des données, pas des opinions. Ce sont là des critères essentiels d’une démocratie laïque. Mais aussi ce qui la menace tant. L’immédiateté, accrue par l’usage des réseaux sociaux, de l’affirmation de plus en plus véhémente de son opinion et de ce que l’on croit savoir (une oxymore) laisse la raison à distance. Elle se trouve réduite à la portion congrue dans la limite des 240 signes d’un tweet! ».
Il en est de même pour l’alcool au sujet duquel l’article publié dans ce numéro souligne que : “ The Internet is full of mixed messages about alcohol “. Les controverses n’ont pas manqué sur les effets de l’alcool et les études récentes ont fait évoluer les conceptions au sujet d’un breuvage omniprésent dans nos agapes.
Une responsabilité
Ce numéro de l’AMA-Contacts est dense, riche de diverses évocations, d’espoirs aussi dans la jeune génération de médecins qui elle aussi apportera sa contribution aux avancées de la science.
Nul doute que leurs deux têtes seront bien attentives aux souffrances de ceux qui s’adresseront à eux et pour lesquels ils disposeront d’une expertise clinique et humaine dans le cadre d’une pratique en partenariat attentive aux besoins de la société. Ceux-ci évoluent rapidement et notre doyenne, F. Smets nous le rappelle dans son discours de promotion: « Nous veillerons aussi à assurer notre responsabilité sociale en tant que faculté de médecine – il est essentiel de former les médecins dont la population aura besoin demain ».
Nous aurons à rester conscients et attentifs à ces besoins de demain dont on sait qu’ils vont évoluer notamment en raison des changements climatiques et environnementaux.
(1) Michel Serres. Leçon inaugurale congrès SIFEM. Beyrouth. Liban. Université Saint-Joseph. 2006
(2) Kahn A. Et le bien dans tout ça? Stock. ISBN: 978-2-2340-9138-2021.p.110.