D’abord, le peintre a choisi sa toile : immense, elle était tellement grande, qu’une fois installé, il fut vite désemparé, faute d’inspiration. Qu’importe, il se lance dans un croquis. D’abord d’un trait grossier, comme s’il découvrait la peinture, des couleurs vives ici, puis des tons nouveaux inspirés par ses rencontres. Ensuite, son trait s’affine, car son chemin se précise. Par-là, des couleurs plus sombres, lorsqu’il est contrarié. Et déjà, les années passent, son labeur n’en finit pas. Il perd patience. Il hésite, il rature et parfois recommence. Puis il se demande s’il finira un jour, et peut-être même a-t-il pensé tout abandonner. Mais le désir de voir cette toile peinte triomphe. Jour et nuit, il dessine, déterminé plus que jamais. Il s’applique, c’est son dernier trait. Sur son front, des tâches de peinture, et une odeur de sueur. Il recule et admire son tableau, qu’il a mis 6 ans à peindre. C’est alors que les gens lui demanderont « pourquoi cette toile, et que signifie-t-elle » ?
Il y a 6 ans, nous entreprenions l’incroyable aventure de devenir médecin. Il y a 6 ans, une montagne était à franchir. A présent, nous y sommes arrivés. Alors bienvenue, chers médecins issus de la 182ème promotion de l’UCL ! En ce jour symbolique, nous vous invitons à rechercher au fond de vous les forces et les rêves qui vous ont mené jusqu’ici, aussi nombreux et variés que toutes les personnes présentes, tels que la volonté de percer les secrets du corps humain et d’aider ou soulager, une envie de se comprendre et de comprendre l’autre...
Comme celui du peintre, ce chemin n’a pas été sans embûches, mais c’est cette flamme en chacun de nous, cet esprit de combat face à la difficulté, et surtout ces rêves, qui nous ont empêché de baisser les bras. Alors, fermez les yeux, et concentrez-vous fort sur ces raisons sécrètes, ces passions, cette imagination qui vous ont donné du courage à travers ces années, et qui continueront à vous accompagner lors de votre carrière future.
Regardez autour de vous, nous sommes compagnons et continuerons de l’être. Petit à petit ou à grands pas, des liens se sont créés. En auditoire ou en mémé, au week-end, au cabaret, en stages ou par hasard. Des amitiés sont nées, des éclats de rire ont fusé, et une confiance s’est installée. Celle ou celui à côté de qui nous étions assis hier, est aujourd’hui devenu un de nos plus proches amis. Les coudes serrés, partant sur le champ de bataille avec un crayon et puis un stéthoscope, une entraide s’est vite installée. Nous chérissons cette atmosphère d’amitié qui a toujours régné dans l’auditoire, et nous nous souviendrons pour toujours, comme vous, des différents visages et si belles personnalités qui colorent cette salle.
Ensemble, nous avons appris énormément. Des choses qu’on ne dit pas, mais que l’on vit, des choses souvent mises de côté par manque de temps, mais pourtant essentielles, pour aujourd’hui et pour demain, pour la vie et pour être médecin. Il ne suffit pas de vouloir être brillant, d’être parfait ou de vouloir être le meilleur pour se sentir important. Mais peut-être suffisait-il juste en réalité, de se rencontrer et de passer ces 6 années ensemble.
On a et on aura tous tant de choses à faire, alors attardons nous sur ce qui compte vraiment. Notre esprit sera peut-être rassasié, mais notre cœur n’aura jamais trop de passions à partager ni trop d’amour à offrir.
Lorsque ce soir nous célébrerons, en famille ou entre amis, cette grande réussite, n’oublions pas la chance que nous avons. Prenons le temps d’être reconnaissants envers toutes ces personnes qui nous ont accompagnés. Parents, frères, sœurs, famille, amis, conjoints, ces personnes que nous n’avons jamais voulu décevoir, et qui nous ont donné la force de persévérer. Ces différents amours qui donnent un sens à notre vie, ne les négligeons pas.
N’oublions pas nos maîtres, dont la générosité a nourri notre curiosité, ces professeurs qui nous ont partagé leurs connaissances, et engageons-nous chaque jour à faire de notre mieux, en redistribuant à notre tour le bien que nous avons reçu.
Maintenant, le temps va reprendre son cours et nous prendrons une route qui nous mènera à travers les plus beaux paysages, mais une route avec ses pierres elle aussi. William Ward nous dirait que les pierres, nous pouvons les jeter, nous plaindre d’elles, trébucher dessus, les escalader, ou nous pouvons les utiliser pour construire. Un monde est à construire, et ce monde sera le reflet du regard que nous lui portons. Que ce regard soit nourri par les valeurs que nous avons apprises ensemble : honnêteté, humilité, courage, amour, persévérance, humanité. Quand ces forces se conjuguent, quand les pas des Hommes s’unissent, ils ont le pouvoir de rendre le sourire aux visages qui l’avaient perdu, car des mots attentionnés éclairent autant que la lumière. Faisons-nous la promesse que nous trouverons toujours parmi nous, une main tendue.
La vie est courte, mais la vie est belle, et c’est là le message essentiel. Offrons au monde l’occasion de s’en apercevoir : c’est en étant humain que nous nous accomplirons, et c’est en restant humain, que nous pérenniserons l’humanité. Alors épanouissons-nous, soyons heureux dans tout ce que nous entreprendrons, rêvons, car les rêves sont la source de nos passions, et puissions-nous chacun trouver un chemin de bonheur.
Au plaisir de croiser nos routes, et n’oublions pas : la vie est belle !
Note : Plus de photos dans le pdf