Chers collègues, confrères et consœurs, chers amis, chère famille, chers professeurs,
Nous voici enfin réunis après un an. Une première année qui s’est révélée ardue et semée d’inconnues, dû à ce petit virus qui fait maintenant partie de nos vies.
Depuis un an, nous sommes acteurs des soins de santé. En plus de devoir prendre et comprendre nos nouvelles responsabilités, nous avons dû porter le lourd fardeau de l’éthique, essence même de la médecine.
Malgré notre jeune âge et notre manque d’expérience, nous avons dû faire des choix (qui envoyer aux urgences ? qui hospitaliser ? voire pour qui réserver un lit de réanimation…) et nous avons dû faire face à la peur, la tristesse, l’incertitude, la mort, au sein d’un paysage plus que chaotique. Cet apprentissage âpre, à l’aube de notre pratique, marquera très certainement notre clinique durant notre vie.
Ces responsabilités, confiées par nos aînés, nous espérons les avoir assumées. C’est également pour cela que nombreux ne sont pas là aujourd’hui, malheureusement de garde.
En un an, le discours que nous avions préparé a énormément changé. La réalité de terrain, surtout en période de crise, nous a mis face aux absurdités du système, comme les besoins de rentabilité et de finance, les campagnes de prévention vaccinales pas à temps, les horaires monstrueux et les équipes de soins à bout, toutes ces gouttes d’eau dans l’océan, ces dysfonctionnements qui ont fait de nous des médecins peut-être plus réveillés et conscients des problèmes (pensée à toutes celles et ceux qu’on a vu à la grève au Mont des Arts). Suite à cette année, nous avons aussi compris que la médecine représentait quelque chose de plus grand que simplement guérir son patient. Cela implique de penser Santé à tous les niveaux.
Notre rôle, notre métier, notre vocation occupe une place centrale dans la société, certes nos cours nous avaient prévenus mais la réalité de terrain nous montre cet aspect dans toute sa splendeur. L’équilibre précaire d’une santé efficace et efficiente pour l’ensemble de la population est un art difficile à maitriser.
Il serait présomptueux de penser qu’on a compris tout le système mais nous avons certainement été témoins de beaucoup de failles. Lors de nos discussions, la désillusion du système prenait le pas sur l’intérêt clinique ou les avancées scientifiques.
Cependant aujourd’hui, c’est un message d’espoir que nous voulons donner à toutes et tous. Un message d’envie de continuer vers un monde médical meilleur, avec une meilleure compréhension et un meilleur soin. Gardons notre patiente ‒ patient au centre de notre prise en charge, même si cela va à l’encontre de ses envies premières.
La médecine est un art, ce n’est pas un métier que nous laissons sur le pas de la porte, c’est une vocation. En tant que médecin, nous sommes un repère de la société, et nous avons compris cette année que, pour beaucoup, nous sommes le phare dans la nuit, une promesse d’espoir, de réconfort, et d’aide. Alors oui c’est loin d’être facile, oui nous faisons parfois le sale boulot mais, après les études et cette année, plus rien ne peut nous arrêter.
Ensemble, en tant qu’auditoire, nous avons montré de par notre solidarité, notre bon sens, notre enthousiasme et notre motivation que nous pouvions réaliser énormément de choses. Continuons comme ça car, mes amis, nous pouvons enfin se voir pour le dire, nous avons de quoi être fiers et nous aurons de quoi continuer de l’être.
Relevons les défis, changeons les absurdités et transformons-les en évidences. Battons-nous chaque jour pour un accès équitable aux soins, pour l’arrêt de la discrimination, pour une société et un monde meilleur tout simplement.
Car nous sommes le futur de la médecine et de la société. Et après tout, il faut voir grand dans la vie.
Merci à vous pour tous ces moments, faisons en sorte qu’ils ne soient pas les derniers. Merci à notre corps professoral qui, malgré notre entêtement, nous a instruit, nous a écouté et nous a formé à devenir des meilleures versions de nous-même.
Et surtout merci à nos familles et amis qui, dans l’ombre, nous ont permis d’arriver à être qui nous sommes aujourd’hui, des adultes et des médecins affirmés, ce qui n’était pas évident pour certains d’entre nous. Merci pour le nombre incalculable de Stabilo utilisés, de feuilles imprimées, les transports, les câlins, le casque anti-bruit, et le support. Merci de nous avoir accompagnés pendant 12 blocus au mieux, 20 ou plus parfois. Merci à vous de nous avoir soutenus, écoutés, de continuer de le faire et d’être présent pour nous quand il le faut.
Nous terminerons par une phrase : « Ne nous arrêtons pas là, donnons toujours le meilleur de nous-mêmes ».