Voir loin, être proche sera aussi le fil rouge de la cérémonie. L’UCLouvain et la KU Leuven s’approchent pas à pas de la célébration du 600ème anniversaire de la création de l’Université de Louvain. En octobre 1425, Guillaume Neefs, qui deviendra le premier recteur de l’Université de Louvain se met en route pour Rome, porteur d’une pétition conjointe de Jean IV, duc de Brabant et des autorités communales, demandant la création d’une université à Leuven. Le pape Martin V réfléchit quelques mois, il appose sa signature à l’acte de naissance de l’université de Louvain dans la bulle Sapeincie immarcessibilis du 9 décembre 1425. Que de chemins parcourus depuis le lancement de la première année académique le 2 octobre 1426, où 14 quatorze professeurs enseignaient a à peine plus d’étudiants. Aujourd’hui, ensembles, plus de quatre mille professeurs pour une population dépassant les 90 000 étudiantes et étudiants.
Voir loin être proche s’applique aussi à nos deux institutions. Chaque université a connu la massification de l’enseignement supérieur, chacune s’est implantée dans de nombreux sites en Flandre, en Wallonie et à Bruxelles, chacune a développé autour d’elle un tissu socio-économique chacune s’est impliquée dans des réseaux internationaux The Guild Leru, dans des alliances universitaires Una Europa. Il va sans dire que nos valeurs et nos rituels sont également en résonance entre nos deux universités ; ils sont enracinés dans une histoire commune et unificatrice. Et quelle histoire ! Dès 1881, nous avons décerné à l’université de Louvain des doctorats honorifiques. Notre galerie honorifique comprend des noms de chefs d’État et de gouvernement comme Winston Churchill, Jacques Delors et Angela Merkel, des personnalités politiques d’envergure comme Ban-Ki-Moon et Jacques Delors. Des écrivains, des musiciens et des cinéastes comme Eugène Ionesco, Umberto Eco, Florence Aubenas, Eve Ensler, Roberto Benigni, Anne Teresa De Keersmaeker, Nadine Gordimer et David Grossman, mais aussi des défenseurs des causes sociales, des penseurs et des pionniers comme Mohammed Yunus, Sœur Rosemary Nyirumbe et Sœur Jeanne De Vos. Et, bien sûr, des centaines de chercheurs passionnés, y compris des lauréats du prix Nobel comme Christian de Duve, Pasteur, Esther Duflo Fleming.
Aujourd’hui, alors que nous honorons conjointement trois nouveaux doctorats honorifiques, nous ajoutons un morceau d’histoire.*
Repousser des limites, abolir des frontières, notre deuxième docteur honoraire y excelle. Bernard Foccroulle est un organiste, compositeur, directeur d’opéra et de festival de renommée internationale. Sa marque de fabrique est sa polyvalence. En tant qu’organiste, il excelle à faire revivre des œuvres anciennes sur des instruments historiques. Par exemple, il est un interprète sublime de la musique d’orgue de Bach. En tant que directeur d’opéra et de festival, notamment au Théâtre royal de la Monnaie et au Festival d’opéra d’Aix-en-Provence, il a jeté avec passion des ponts entre les disciplines, les groupes linguistiques et les communautés. Bernard Foccroulle abat les murs musicaux ; il donne littéralement la parole aux jeunes chanteurs et musiciens. Les projets pluridisciplinaires, tels que l’orgue combiné à la danse ou à la vidéo, lui conviennent parfaitement. En tant que compositeur, Bernard Foccroulle a créé l'opéra climatique Cassandra. Avec des partitions inventives qui se distinguent par leurs structures complexes, il nous montre combien une musique sans défense peut être impactante et formatrice. Faire tomber les barrières, c’est la signature de notre nouveau docteur honoris causa Bernard Foccroulle. À partir de sa force musicale, il œuvre sans cesse pour la réconciliation et le dialogue, y compris dans la sphère sociale. En ce sens, il agit comme un parfait antidote au cynisme et au pessimisme. Nous nous réjouissons qu’à partir d’aujourd’hui, ce bâtisseur de ponts artistiques fasse partie de nos communautés universitaires et rejoigne la galerie d’honneur des doctorats honoris causa de la KU Leuven et de l’UCLouvain.
Voir loin être proche pourrait être la ligne claire de près dix années de rectorat de Vincent Blondel. Je souhaite le remercier d’avoir œuvré durant deux mandats avec énergie et détermination, de manière quotidienne pour l’UCLouvain. Sous son impulsion et avec l’aide de ses équipes rectorales l’UCLouvain s’est métamorphosée en étant plus ouverte à l’international. Elle s’est ancrée dans son tissu régional, notamment dans le Hainaut et en particulier à Charleroi. L’UCLouvain s’est également agrandie suite à la fusion avec l’Université Saint-Louis Bruxelles et s’est engagée au travers des plans Louvain 2020 et Horizon 600 dans une mutation spécialement en transition durable, numérique et dans une nouvelle politique du personnel.
Forts de nos identités communes, de notre long parcours historique, et confiants dans l’avenir du développement de la KU Leuven et de l’UCLouvain, nous souhaitons engager nos deux universités à persévérer dans le dialogue et les projets communs. Le recteur de la KU Leuven a rappelé le volontarisme des recteurs qui ont tissé les liens entre les deux institutions. Vincent Blondel et Luc Sels ont ainsi instauré des échanges réguliers entre les deux rectorats. Les hommes et les femmes passent, quelle plus belle occasion que cette cérémonie conjointe pour officialiser la volonté de poursuivre ce dialogue au travers d’un cadre de référence défini la Leuven Louvain University Alliance en abrégé LLUA. Nous allons dans un instant apposer chacun notre signature pour lancer officiellement le LLUA.
Enfin, nous espérons que le parcours de nos deux universités sera parallèle à celui de nos éminents docteurs honoris causa. Que nous puissions continuer à exceller dans l’enseignement et la recherche scientifique, qu’inlassablement nous interrogions l’inconnu, que nous repoussions les limites des systèmes et des idées traditionnelles, que nous nous concentrions sur l’impact, l’intégrité et le leadership inspirant.
Nos doctorats honorifiques nous tendent un miroir et nous mettent au défi, vous, moi, nous.
En tant qu’universités sœurs, comme deux branches d’un même arbre, nous acceptons volontiers ce défi.
Que cet arbre grandisse !
* NDLR : les présentations des deux autres lauréates au titre de docteur.e honoris causa, Seyla Benhabib et Theresa Kachindamoto, ont été faites par le Recteur de la KU Leuven, le Pr Luc Sels.