SUJET
Le diabète gestationnel est un sujet fort débattu dans le monde médical et de nombreuses études réalisées ces dernières années montrent des résultats très divergents quant à l’intérêt des nouveaux critères de dépistage apportés par l’IADSPG (International Association of Diabetes and Pregnancy Study Group). La prévalence du diabète s’est vue significativement augmentée et le but de cette étude est de définir l’intérêt de la prise en charge des patientes ayant un diabète gestationnel « léger ».
MÉTHODES
Réalisation d’une étude rétrospective analysant les complications materno-foetales entre les patientes diabétiques de 2008 et de 2014 selon les anciennes (critères de Carpenter et Coustan) et les nouvelles (critères IADSPG) normes de dépistage du diabète gestationnel. La répartition en sous-groupes a été réalisée avec pour but d’analyser l’évolution de la prévalence des complications entre les patientes n’ayant qu’une seule valeur d’OGTT pathologique en 2008 (non traitées) et les patientes n’ayant qu’une seule valeur d’OGTT pathologique en 2014 (traitées). Ce groupe intermédiaire sera appelé « OGTT-1 ».
RÉSULTATS
Les patientes diabétiques constituent une population à risque augmenté de césarienne (28%), de déclenchement (53%), de détresse respiratoire (16%) et d’hypoglycémie néonatale (16%) en comparaison aux patientes saines (P < 0.05). Lors de l’introduction des nouvelles normes de dépistage, la prévalence des patientes diabétique est passée de 3% à 17% dans notre centre. Parmi toutes les complications materno-foetales étudiées, seuls les risques de menace d’accouchement prématuré (MAP) (17.6% en 2008 et 2.8% en 2014) et de polyhydramnios (PHA) (11.8% en 2008 et 0% en 2014) se voient abaissés au sein des patientes diabétiques en 2014 lors de l’application des nouveaux critères de dépistage (P < 0.05). Le taux d’instrumentation est quant à lui augmenté en 2014 (0% en 2008 et 18.1% en 2014) (P = 0.05). Aucune différence significative n’est observée pour les autres complications étudiées. Le taux de complications materno-foetales n’est pas significativement supérieur chez les patientes ayant ≥ 2 valeurs d’OGTT pathologiques en comparaison aux patientes n’ayant qu’une seule valeur d’OGTT pathologique « OGTT-1 ». Les OR et RR montrent même une tendance en faveur d’un plus grand risque d’instrumentation, de macrosomie, de séjour en unité de néonatologie (NICU) et d’ictère à haut risque néonatal au sein des patientes « OGTT-1 ». Parmi les patientes « OGTT-1 », aucune différence significative n’est observée entre 2008 (non traitées) et 2014 (traitées). Les résultats d’OR et RR vont néanmoins en faveur d’une réduction du taux de complications au sein du groupe « OGTT1-2014 » pour le risque d’hypertension artérielle (HTA)/préeclampsie (PE), de MAP, de macrosomie, de poids de naissance < P10, de détresse respiratoire (DR), d’hypoglycémie, de séjour en NICU, et d’ictère néonatal à haut risque.
CONCLUSIONS
Cette étude ne permet pas de conclure quant à l’intérêt statistique de traiter cette population de patientes « OGTT-1 » étant donné l’absence d’une diminution significative des complications en 2014 en comparaison à 2008. Ce groupe ressort néanmoins dans cette étude comme une population à risque de morbidité materno-foetale et une tendance semble se dégager en faveur d’un traitement mais une étude de plus grande échelle serait nécessaire pour confirmer ces hypothèses. Le passage aux normes de l’IADSPG aura permis une réduction significative du taux de MAP et de PHA chez les patientes diabétiques de 2014 et une tendance en faveur d’une réduction des autres complications étudiées se dégage également lors de l’utilisation de ces nouvelles normes. Une réduction des complications au sein des patientes non diabétiques de 2014 permet également de supposer que le passage des patientes « OGTT-1 » du groupe « sain » au groupe « pathologique » a permis de diminuer la morbidité des patientes non diabétiques. Ce résultat allant une fois de plus en faveur d’une prise en charge de ce groupe « OGTT-1 ».
AFFILIATIONS
Cliniques universitaires Saint-Luc, Service de Gynécologie-obstétrique, Avenue Hippocrate 10, B-1200 Bruxelles