Examen clinique de l’épaule

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Henri Nielens Publié dans la revue de : Mai 2017 Rubrique(s) : Congrès UCL de Médecine Générale
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Résumé de l'article :

L’examen de l’épaule non traumatique comprend une anamnèse orientée, une observation de la ceinture scapulaire au repos et lors de mouvements d’élévation antérieure et d’abduction (rythme scapulo-thoracique). Il faut ensuite demander au patient d’indiquer de la main contra-latérale la localisation précise des douleurs ainsi que des irradiations douloureuses. S’ensuit l’évaluation des mobilités actives et passives qui permet parfois, dès le début de l’examen, de suspecter une capsulite rétractile lorsque les mobilités tant passives qu’actives sont très réduites et douloureuses. Les différents tests spécifiques visant à mettre en évidence une lésion au niveau de l’un des tendons de la coiffe ainsi que les tests de conflit sous-acromial sont réalisés. L’examen se termine par l’examen palpatoire des tendons de la coiffe complétée du testing moteur des muscles de l’épaule à la recherche d’une douleur provoquée ou d’un déficit moteur orientant vers une neuropathie périphérique.

Mots-clés

Examen de l’épaule, mobilité, conflit

Article complet :

Les douleurs de l’épaule sont fréquentes, elles peuvent être d’origine inflammatoire et s’inscrire dans le tableau clinique d’une affection rhumatismale comme la polyarthrite rhumatoïde. Elles sont cependant le plus souvent « mécaniques » c’est-à-dire, soit post-traumatique, soit liées à une surcharge spécifique évidente comme c’est le cas lors de certaines pratiques sportives (tennis, crawl en natation…), soit survenir spontanément en rapport avec des lésions dégénératives de la coiffe des rotateurs à partir de la quarantaine. On parle parfois dans ce cas de « maladie de la coiffe » ou d’« épaule douloureuse commune ». Il existe également la capsulite rétractile qui est une affection particulière assez fréquente touchant le plus souvent la femme et dont la clinique est typique et facilement reconnaissable. Il n’est pas rare que des douleurs d’origine cervicale (cervicarthrose, cervicobrachialgies) s’accompagnent de douleurs projetées au niveau de l’épaule. Plus rarement, des neuropathies périphériques (nerf sus-scapulaire, nerf du grand dentelé) peuvent occasionner des douleurs dans la région de l’épaule.

La première étape de l’examen est l’observation de la ceinture scapulaire et de l’épaule, de face et de dos. En particulier, on évaluera la symétrie des épaules, la trophicité musculaire ainsi que la présence éventuelle d’un décollement de l’omoplate signant une atteinte du nerf du muscle grand dentelé. A ce stade, on demandera également au patient de réaliser un mouvement actif d’élévation antérieure et d’abduction des deux membres supérieurs. Durant ces mouvements, on recherchera plus particulièrement une éventuelle asymétrie des rythmes scapulo-thoraciques (glissement des omoplates sur la cage thoracique lors des mouvements d ‘élévation antérieure et d’abduction). En effet, le plus souvent, une perturbation du rythme scapulo-toracique signe une lésion de la coiffe des rotateurs.

L’anamnèse est une étape clé de l’examen. Elle nous permettra d’emblée de nous orienter vers une douleur inflammatoire, post-traumatique ou dégénérative simple jadis dénommée « périarthrite scapulo-humérale » ou « PSH ». Actuellement on préférera la dénomination d’épaule douloureuse simple. Une anamnèse bien conduite peut également nous faire suspecter une capsulite rétractile qui est une entité dont le diagnostic clinique est relativement simple une fois que l’affection est bien installée.

La suite de l’examen clinique consiste à demander au patient de montrer la localisation des douleurs au niveau de son épaule. Les lésions de la coiffe engendrent généralement des douleurs au niveau de la région acromiale avec des irradiations vers la face latérale du bras. En cas de douleurs localisées uniquement au niveau du muscle trapèze supérieur un recherchera une douleur d’origine cervicale par l’examen des mobilités passives et actives de la nuque. On demandera aussi quelles sont les circonstances de survenue des douleurs. Fréquemment, les douleurs de la coiffe sont reproduites par les mouvements d’élévation du bras au-dessus du plan horizontal. Il n’est pas rare que le patient soit réveillé la nuit lorsqu’il est couché sur le côté de son épaule problématique.

Ensuite, il s’agit de vérifier les différentes pistes de mobilité de l’épaule douloureuse, par comparaison au côté sain. Cette première étape permet souvent de nous orienter d’emblée vers une capsulite rétractile en cas d’enraidissement douloureux important dans toutes les pistes et particulièrement en rotation externe et abduction. En cas d’épaule douloureuse simple sur lésions dégénératives de la coiffe (« maladie de la coiffe »), les mobilités passives ne seront que très peu limitées et douloureuses en fin d’abduction et antépulsion avec bonne conservation des rotations.

Une étape importante consiste à tester les différents tendons de la coiffe des rotateurs à l’aide des nombreux tests spécifiques décrits dans la littérature : sus-épineux (Jobe, Yocum), biceps (Palm-up, Speed), sous-scapulaire (Gerbert). Notons que la positivité évidente d’un seul de ces tests ne permet pas d’affirmer l’existence d’une lésion ou d’une tendinopathie au niveau du tendon testé car la spécificité de ces tests est très relative. On complètera cette phase de l’examen clinique par la recherche de signes de conflit sous-acromial (manœuvres de Neer, de Hawkins) fréquemment présent dans les lésions dégénératives de la coiffe. On n’omettra pas un test de mise en compression de l’articulation acromio-claviculaire (Scarf).

La palpation des principales structures anatomiques (articulation acromio-claviculaire, tendons de la coiffe…) doit être réalisée. Afin d’être en mesure de palper le tendon sus-épineux au niveau de son insertion sur le trochiter, il s’agit de positionner le bras en adduction et rotation interne afin de dégager le tendon de sa position habituelle sous l’acromion.

On terminera l’examen de l’épaule par le testing musculaire des muscles de la coiffe des rotateurs ainsi que par celui du muscle grand dentelé (nerf long thoracique). Le testing peut reproduire la douleur pour laquelle le patient consulte orientant vers le diagnostic vers une lésion du tendon du muscle testé, tout comme les tests spécifiques des tendons de la coiffe. Ce testing peut également mettre en évidence un déficit de force orientant vers une neuropathie du nerf sus-scapulaire (muscles sus- et sous-épineux) ou du nerf long thoracique (muscle grand dentelé).

Correspondance

Pr. Henri Nielens

Cliniques universitaires Saint-Luc, UCL

Service de médecine physique

Avenue Hippocrate 10

B-1200 Bruxelles

Références

1. Jain NB, Wilcox RB, Katz JN, Higgins LD. Clinical Examination of the Rotator Cuff. MP and R 2013; 5 (1): 45-56.

2. Magee DJ. Shoulder. In : Orthopedic Physical Assessment, 252-356, Elsevier Saunders, St Louis, Misouri, USA, 6° édition, 2014.