Point d’actualité
Le monde n’est pas encore débarrassé de ce virus, et ne le sera probablement pas avant des années. Du moins, c’est le scénario qu’envisagent les experts de l’OMS. Personne ne peut prédire à l’heure actuelle comment la situation va évoluer. On assiste depuis quelque temps à une nouvelle augmentation du nombre de cas de COVID-19, et en particulier en Belgique. Rien de très inquiétant car on est loin des chiffres impressionnants des premières vagues, mais la vigilance reste de mise. Comme prédit depuis le départ, ce virus arbore des propriétés changeantes, des mutations. Aujourd’hui, un nouveau sous-variant du virus appelé BA.286 (variant Pirola)1, paraît plus contagieux. Les vacances, le retour de l’année scolaire vont certainement jouer un rôle important dans la propagation du virus qui n’avait jamais réellement disparu. Heureusement, les experts affirment que l’immunité collective est toujours solide, et continue d’agir comme un véritable cordon sanitaire. Mais combien de temps ?
Toutefois, l’OMS dans un tweet récent publié sur X (ancien Twitter) prend la mesure du risque sanitaire potentiel et classe ce nouveau virus dans la catégorie « sous surveillance », du fait des dizaines de mutations qu’il arbore2. Il faut rester vigilant, et on l’observe déjà dans les comportements de certains patients dont les sens sont à nouveau en éveil et deviennent plus craintifs comme en atteste le nombre de « masqués » qui se présentent à nouveau en consultation. Ceci contraste avec les mesures prises en Chine qui suppriment aujourd’hui les tests pour les voyageurs choisissant comme destination cette contrée. Tests qui avaient été par ailleurs maintenus jusqu’alors suite à la politique « zéro COVID » du gouvernement et qui fut très largement controversée par le monde scientifique, voire même chahutée un moment par sa propre population3.
Covid long : beaucoup de médecins ne croient pas leur patient
Si les symptômes de l’infection aigüe à COVID-19 ne font pas débat et sont habituellement facilement identifiables, il n’en reste pas moins que de nombreux patients présentent tardivement des symptômes qui deviennent chroniques. De gravité et de forme très variable d’un individu à l’autre, les plaintes sont en général de l’asthénie, de la dyspnée, des arthralgies, céphalées, des chutes inexpliquées, de la tachycardie, des pertes de mémoires ou des troubles cognitifs plus graves etc. (plus de 200 symptômes répertoriés4). Ils apparaissent chez certains des semaines après avoir contracté le virus et finissent par dicter totalement leur vie. Dans certains cas, cette situation est qualifiée par les patients « d’inhumaine ». Communément appelé COVID long ces présentations cliniques quasiment inédites restent difficiles à diagnostiquer (vu la latence entre l’affection aigüe et les symptômes chroniques), et à relier au COVID ou toute autre pathologie. Conséquence, beaucoup de patients finissent par se plaindre du manque d’attention du corps médical face à ce qu’ils ressentent. Qui en souffre ? Toutes les personnes ayant un jour croisé le chemin de ce virus sont des victimes potentielles, mais il semble que les patients ayant été hospitalisés, les actifs, les non vaccinés, les femmes le subissent le plus. L’OMS estime à 10-20% des patients contaminés, Santé publique France 30% (soit 2 millions de français !). Dix-huit pourcent des patients auraient des symptômes jusque 18 mois post infection5. Et ils se plaignent dans la presse, sur les réseaux sociaux à la lumière de ce témoignage d’une malade paru sur France Info : « comment pouvons-nous arriver à tenir ? J’ai 20 à 30 symptômes en phase aigüe, d’autres jusqu’à 50, et on laisse les gens comme ça sans réponse »6. Les améliorations cliniques sont de fait lentes, les mécanismes physiologiques qui les expliquent encore obscures : réaction immunitaire suite à la persistance du virus, dysfonctionnement du système autonomique, relation avec la génétique, équivalent dépressif, hyperventilation…Il ne peut y avoir qu’une seule hypothèse, il s’agit probablement d’un tout. Dans tous les cas, l’anxiété est au rendez-vous.
Les patients passent chez le généraliste, puis chez le cardiologue, le pneumologue, l’interniste, l’infectiologue qui ne trouvent rien de « pathologique » dans la majorité des cas. Tout cela reste vague, motive le désintérêt du corps médical et laisse les patients dans le désarroi, d’autant plus qu’en cas de diagnostic les solutions thérapeutiques traditionnelles sont quasi inexistantes. La plupart n’ont d’ailleurs recourt à aucun traitement. Puis on les envoie chez le psy. Sans plus de succès bien-sûr.
Sans verser dans le charlatanisme, faut-il alors se tourner vers des approches holistiques qui intègrent des médecines parallèles comme la sophrologie, la cohérence cardiaque, du yoga, voire des régimes antioxydants, etc…Pas plus de preuves scientifiques de ce côté-là, mais des patients qui en général se sentent mieux et y trouvent un certain (ré)confort, et c’est peut-être de cela dont ils ont aussi besoin.
En finir avec les idées reçues
Les sites d’information pour les non professionnels où les patients et le public en général peuvent trouver des informations pertinentes vérifiées scientifiquement et en français ne sont pas nombreux. On peut citer bien-sûr l’OMS, mais aussi des organismes gouvernementaux comme Sciensano.be, Santé Publique France. Or, être informé correctement est la meilleure solution pour éviter et ralentir la propagation du virus.
Dans cette optique d’assurer une information objective, nous avons édité aux éditions CABAN (Rue de Seine ISBN 978-2-493270-69-6) le 27/06/23 un livre écrit par de nombreux experts, intitulé : Les années COVID, comment y survivre ? Multiples pathologies et COVID Long. Editions Mardaga & Caban.
L’ouvrage intègre le témoignage de quelques 30 spécialistes belges dont de nombreux des Cliniques universitaires Saint-Luc et étrangers issus de différents domaines, avec l’objectif de faire un point objectif sur le virus, de répondre le plus clairement possible aux questions que peuvent se poser les lecteurs en termes de symptômes et complications liés à la COVID, efficacité des mesures sanitaires, de la vaccination etc. Un accent est également mis sur les aspects particuliers des formes longues.
Cet ouvrage qui se veut accessible au plus grand nombre, est également une source précieuse d’information écrite. Il est disponible dans la majorité des librairies, à la FNAC, chez CLUB, etc.
Il est bon de préciser que l’ensemble des droits d’auteur seront versés à la Croix Rouge de Belgique.
Correspondance
Pr Christophe Scavée
Cliniques universitaires Saint-Luc
Responsable de l’Unité de Rythmologie – Service de Cardiologie
Avenue Hippocrate 10, B-1200 Bruxelles
Références
- https://t.co/neJnfgy1wx - Ryan Gregory
- Tweet du 17/08/2023.
- Rédaction RTBF avec AFP publié le 28/08/23.
- https://www.thelancet.com/journals/eclinm/article/ PIIS2589-5370%2821%2900299-6/fulltext.
- Santé Publique France, publié sur site le 21/07/23.
- Publié le 14/10/21. J. Guillemette. France Info.