Introduction
L’insuffisance mitrale dégénérative sévère (IM) est une maladie progressive qui affecte le pronostic à long terme. La plastie mitrale (PM) est le seul traitement efficace qui améliore les symptômes et restaure une espérance de vie normale. Dans la prise en charge thérapeutique des patients, le timing optimal dans la décision d’une PM reste controversée. Le but de l’étude est d’évaluer l’impact des critères des recommandations internationales, à savoir les symptômes (NYHA), la fibrillation auriculaire (FA), la fraction d’éjection du ventricule gauche (FEVG), la dilatation de l’oreillette gauche (OG) ou encore l’hypertension artérielle pulmonaire (HTAP), sur la survie postopératoire des patients ayant bénéficié d’une PM.
Méthodes
A partir du registre prospectif des maladies valvulaires des Cliniques universitaires Saint-Luc, 578 patients (âge moyen 64 ± 12 ans) chez qui une IM a été diagnostiquée par échographie transthoracique, ont bénéficié d’une PM entre janvier 1990 et décembre 2010. Ils ont été suivis prospectivement par contact téléphonique.
Résultats
Le temps de suivi moyen est de 7,2 ± 4,2 ans. La survie globale est significativement diminuée en comparaison avec la population belge de même âge et de même sexe (73% vs 84% à 10 ans ; p < 0,001). L’analyse multivariée de Cox montre que l’âge (p < 0,001), la présence de symptômes (NYHA classe III-IV ; p = 0,001), d’une FA (p = 0,043), ainsi que d’une dilatation de l’OG (p = 0,001), sont associés au pronostic postopératoire. La FEVG et l’HTAP sont quant à eux uniquement significatifs en univariée. De plus, les patients ayant bénéficié d’une PM avant l’apparition des critères des recommandations internationales ont une survie identique à celle de la population Belge.
Conclusion
Nous montrons que les patients opérés en présence d’un des critères des recommandations internationales ont une espérance de vie diminuée. En revanche, les patients asymptomatiques opérés avant l’apparition d’un de ces critères, ont quant à eux une espérance de vie normale. Nos données suggèrent donc que PM devrait être envisagée dès le début de la maladie, et ce avant l’apparition de toute complication liée à l’IM.
Affiliations
- Cliniques universitaires Saint- Luc UCL, Service de Cardiologie, Département des pathologies cardiovasculaires, Avenue Hippocrate 10 / 2806, B-1200, Woluwe Saint-Lambert, Belgique
- Université catholique de Louvain, Pôle de Recherche Cardiovasculaire (CARD), Institut de Recherche Expérimentale et Clinique (IREC), Bruxelles, Belgique