INTRODUCTION
Les résultats de la transplantation d’organe à long terme restent compromis par un taux toujours élevé de complications liées à l’immunosuppression (IS). C’est pourquoi la minimisation de l’IS, et à terme, la tolérance clinique du greffon, se présentent comme des perspectives d’avenir. Les traitements d’induction influenceraient positivement l’obtention d’une tolérance. Jusqu’à ce jour, aucune étude prospective, randomisée, contrôlée, n’a été rapportée concernant l’utilisation de sérum anti-lymphocytaire en tant que thérapie d’induction en transplantation hépatique adulte (TRH).
OBJECTIF
Évaluer l’influence d’un traitement inducteur par sérum polyclonal anti-lymphocytaire (r-ATG) (Grafalon®, Neovii) associée à une monothérapie au tacrolimus (Prograft®, Astellas) en TRH.
MÉTHODE
Étude prospective, randomisée, contrôlée et conduite par l’investigateur ayant inclus 206 patients adultes (>15 ans) transplantés d’un foie. L’étude compare l’utilisation d’une IS par monothérapie au tacrolimus (TAC; n=109) à l’administration d’une unique et haute dose intra-opératoire de r-ATG (9mg/kg) suivie d’une monothérapie au tacrolimus (TAC-ATG; n=97). Tous les patients ont bénéficié d’un même suivi clinique, biochimique et histologique, comprenant une biopsie protocolaire à 7 jours, 6 mois et 12 mois post-TRH. Les rejets cellulaires aigus ont été traités lors de la concordance de score histologique (score de Banff > 5) et biochimique (majoration de deux facteurs parmi la bilirubine, le taux de plaquettes et l’éosinophilie). Le critère d’évaluation principal de l’étude était la réduction de l’immunosuppression à une monothérapie au tacrolimus endéans 12 mois. Les critères d’évaluation secondaires furent la survie du patient et du greffon ainsi que l’incidence de rejets cellulaires aigus.
RÉSULTATS
À un an, 79 (96.3%) des 81 patients TAC-ATG et 101 (99.0%) des 102 patients TAC étaient exemptés de stéroïdes (p=0.585); 28 (34.6%) des patients TAC-ATG et 31 (30.4%) des TAC étaient sous double immunosuppression (p=0.633). La survie à un an des patients du groupe TAC-ATG et TAC étaient respectivement de 84% et 92% (p=0.260). La survie à un an du greffon du groupe TAC-ATG et TAC était respectivement de 76% et 90% (p=0.054). En dépit de moins de rejets modérés à sévères au 7e jour (Banff 6-9) dans le groupe TAC-ATG (10.0% vs. 24.0% dans le groupe TAC, p=0.019), la proportion de patients présentant un rejet cliniquement pertinent (16.5% TAC-ATG vs. 22.0% TAC, p=0.379), de rejets sensibles aux stéroïdes (13.4% TAC-ATG vs. 17.4% TAC, p=0.448), de rejets résistants aux stéroïdes (2.1% TAC-ATG vs. 3.7% TAC, p=0.686) et de rejets chroniques (1.0% TAC-ATG vs. 0.9% TAC, p=1.000) était similaire.
CONCLUSION
À un an, une induction à base de r-ATG n’a pu significativement affecter la charge immunosuppressive, le taux de rejets traités, la survie du patient et du greffon. Des résultats à long terme sont nécessaires afin de déterminer l’influence de la r-ATG sur la charge immunosuppressive et sur l’induction d’une tolérance.
AFFILIATIONS
1 Unité de Transplantation Abdominale Starzl, Cliniques universitaires Saint-Luc, Bruxelles, Belgique.
2 Département de Biotechnologie et de Sciences cliniques appliquées, Université de L’Aquila, L’Aquila, Italie.
3 Département de Chirurgie Générale et transplantation d’organe, Université La Sapienza, Rome, Italie.
4 Département d’anatomopathologie, Cliniques universitaires Saint-Luc, Bruxelles, Belgique.
5 Pôle de chirurgie expérimentale et transplantation, Institut de recherche expérimentale et clinique, Université catholique de Louvain, Bruxelles, Belgique.