Le cœur est devenu au xvie siècle un muscle creux, double pompe refoulante, grâce auquel le sang circule dans tout notre organisme. Tel est le cœur des cardiologues et de tous ceux qui prennent soin du bon fonctionnement de cet organe. J’aborderai ici d’autres cœurs : ceux des philosophes, des psychologues, sexologues et autres psychanalystes à l’écoute des poètes, des chanteurs, des amoureux et des amants d’aujourd’hui.
Bien avant d’être ce muscle que je viens d’évoquer, le cœur fut chez les Anciens le siège de la vie, des affections, des sentiments et des passions. Autrement dit, un lieu où l’existence prend chair. Il fut aussi « le centre de l’intériorité de l’homme, la partie la plus intime du moi, le lieu où conduit la plus profonde réflexion » (Augustin, ve siècle). Remarquons qu’il fut aussi pour Attar (un philosophe persan du VIIIe siècle), pour Blaise Pascal (XVIIe) et chez quelques Francs-Maçons d’aujourd’hui, le lieu d’une intelligence autre que celle de la rationalité.1
LORSQUE LE CŒUR SE DONNE
Cela étant, que signifie pour nos contemporains, amoureux ou amants, « donner son cœur », comme le disait Montesquieu ? Pour ce dernier « donner son cœur » signifie « aimer fidèlement ». Une façon d’approcher les significations de cette formule aujourd’hui consiste, non seulement à écouter ce qu’en disent nos patients et analysants, mais aussi à surfer sur les blogs des internautes et à consulter les chansonniers et autres romanciers et poètes à succès. On constate alors que ces idées qui nous viennent de la lointaine Antiquité sont toujours bien vivantes. « Donner son cœur », c’est donner ce que l’on a de plus intime mais aussi de plus vital. C’est donner sa vie. Et, lorsque l’on prend l’expression à la lettre, ce don de vie implique une certaine mort, une mort subjective en tout cas et, dans certaines circonstances, la mort réelle peut s’ensuivre sous diverses modalités : le sacrifice, le suicide ou le meurtre. C’est ce qui explique cette demande, voire cette exigence quasi générale de réciprocité dans la bouche des amoureux et des amoureuses. Rares sont ceux qui se contentent de donner ce précieux cœur à l’autre, autrement dit, qui se satisfont d’aimer sans escompter un retour. Car c’est une loi de notre psychisme : plus on aime l’autre, moins on s’aime soi-même. Un indice : l’amoureux et l’amoureuse se vivent souvent comme indignes de celui ou de celle qu’ils aiment. Comme l’écrivait par exemple Madeleine Chapsal à propos de sa relation avec son amant : « Je le suivais comme un petit chien »2.
UNE RÉCIPROCITÉ VITALE
Il est, par conséquent, très important que l’amoureux ou l’amoureuse soit aimé(e) en retour. Car être aimé(e) et être désiré(e), c’est se vivre et donc être aimable, être désirable. Il n’y a pas que le cogito qui fait que nous existons. L’amour et le désir font aussi partie de tout ce qui fait notre être. Remarquons d’ailleurs que dans les textes des chanteurs et chanteuses, le don du cœur est moins fréquent que la demande adressée à l’autre : « Donne-moi ton cœur ». Demande symbolisant la demande de l’amour et du désir de l’autre. Avec son refrain « Donne moi ton cœur baby. Donne moi ton corps », la chanson « Une femme like you » de K. Maro fut n°1 dans 17 pays et se vendit à près de 2.000.000 d’exemplaires. Et K. Maro ne fut pas le seul à mettre en musique cette demande de réciprocité3. Certains des lecteurs ont peut-être encore à la mémoire ce refrain de Marcel Amont, « Caroline, donne moi ton cœur » bien que ce ne fut pas la plus populaire de ses chansons. Par contre, « Dans le cœur de ma blonde » rencontra un plus grand succès. Et ses paroles sont intéressantes pour mon propos :
« Dans mon cœur posé sur le cœur de ma blonde. Dans mon cœur je viens d’entendre à la seconde. Dans mon cœur la plus jolie des chansons du monde. Celle que ma blonde a dans son cœur »
Plus loin, il ajoute :
« Dans son cœur la mélodie tourne et s’envole. Avec mon cœur pour devenir une chanson folle. Et nous inventons les paroles, que l’on chante à deux sous le ciel bleu ».
Où l’on peut entendre la cocréation nécessaire de tout couple au moyen de paroles, de joies et de jouissances « cosignées ». Ce qui constitue pour moi un des buts des entretiens de couples. Quant à la folie amoureuse évoquée, je signale que Freud soutint en son temps déjà que les états amoureux étaient comme les prototypes normaux des psychoses, tant peut être grande la perte de la réalité chez les amoureux4.
Le dernier couplet de Marcel Amont me semble aussi intéressant à évoquer : « Dans son cœur une petite chansonnette, que le cœur d’une blonde a mis dans sa tête. Et le cœur des amants de toutes les planètes lui répond joyeux du haut des cieux ».
Autrement dit, lorsque les cœurs battent ainsi à l’unisson, les amants sont aux anges. Cette réciprocité les propulse au ciel dit « septième ». Cette expérience jouissive a en effet pour un certain nombre d’amants, et d’amantes quelque chose de céleste. Ainsi une femme répondant à une enquête du sexologue Sylvain Mimoun sur la nature du désir lui dit : « C’est l’ivresse, le septième ciel, l’extase. C’est intense, très intense… » et encore : « C’est quelque chose de divin ».5 Et elle n’est pas la seule à vivre ainsi l’extase sexuelle.
On n’entend pas fréquemment de telles affirmations dans nos cabinets de psychothérapeutes, de sexologues ou de psychanalystes, où il est plus souvent question des manques, des insatisfactions, des blessures de l’amour et des pannes du désir. Tout se passe comme s’il fallait questionner les patients pour qu’ils abordent cette dimension de leur sexualité. Comme s’il y avait là aussi une certaine pudeur. Cependant, il est arrivé à l’un d’entre eux de me dire que la pénétration sexuelle avait pour lui quelque chose de sacré. Et à telle autre femme de me parler de son amant comme étant son dieu.
DE LA RÉCIPROCITÉ AU DANGEREUX « FAIRE UN »
Cette quête de la réciprocité virant au « faire-Un » dans l’amour et dans la sexualité se retrouve dans plus d’une histoire de vampire amoureux de jeunes mortelles ou encore de jeunes mortelles amoureuses de vampire et dans lesquelles la morsure entraine l’extase. Une version religieuse de ce désir de « faire Un » avec Dieu ou avec Jésus se retrouve dans le rite de communion au corps et au sang du Christ.
On peut se demander si on ne se trouve pas là devant une forme édulcorée d’un fantasme fondamental d’incorporation de l’autre, voire de cannibalisme. On sait d’ailleurs que les mères amoureuses de leur bébé peuvent l’appeler « mon chou », « ma croquette » ou encore leur dire qu’il serait bon de « les manger tout crus ». Certains pensent que le baiser est un reste édulcoré de cette phase du cannibalisme mère-enfant. Car, de son côté, l’enfant en connaît un bout lui aussi qui a tété le sein, incorporé le lait avant de mordre le téton. Ce n’est pas pour rien que le cannibalisme fait partie des interdits fondamentaux de notre culture, avec l’interdit de tuer et celui de l’inceste.
Néanmoins « faire Un » ne va pas de soi car « faire Un » implique la disparition de l’un des deux ou la disparition partielle des deux.6 Ce qui est de moins en moins toléré par nos contemporains dont la maxime veut que chacun s’épanouisse sans entrave et le plus complètement possible et dont la crainte est de trop s’attacher.
Dans cette perspective, appeler son amoureux (ou son amoureuse) « mon cœur » peut être une autre version de ce désir de « faire Un » de l’amour et de la jouissance sexuelle. Bien plus, puisque « Tu es mon cœur, cela veut aussi dire que tu es la partie la plus vitale de mon corps, celle qui permet à mon sang de circuler dans mes veines et mes artères, celle qui me tient au chaud » et au-delà de tout ceci « Tu es une de cette partie de mon corps sans laquelle je ne pourrais plus vivre ».
La surnomination possessive « mon cœur » comme la demande chantée par Elvis Presley « Tell me you are mine » dénotent aussi cette intrication fondamentale de l’amour, du désir et de la pulsion d’emprise. Et certains lecteurs auront peut-être remarqué qu’Edith Piaf chantait naguère: « Le ciel bleu sur nous peut s’effondrer et la terre peut bien s’écrouler… peu m’importe mon amour, puisque tu m’aimes ». Elle aurait pu chanter « puisque je t’aime » ou « puisque l’on s’aime ».
LE VRAI AMOUR ET LE DÉSIR IDÉAL, S’ILS EXISTENT
Mais est-ce là un vrai amour et un désir idéal que bien des amoureux et amants espèrent même si leurs fantasmes – conscients ou inconscients – sont parfois fort éloignés de ce vœu conscient ?
À force d’entendre leurs analysants, Freud et de nombreux psychanalystes à sa suite ont conclu à la grande importance de cette dimension narcissique et égocentrique de l’amour et du désir. Freud en a conclu qu’un des buts de l’analyse était d’apprendre à aimer et à travailler. Ce n’est pas gagné d’avance, quoiqu’en lisant les résultats d’une enquête réalisée par des collègues allemands, il est intéressant de constater que parmi les nombreux apports de leur cure psychanalytique, 80% des patients mentionnent des changements positifs concernant leur vie relationnelle et particulièrement leur vie de couple7.
L’amour est donc fortement parasité par le narcissisme et le désir est fondamentalement égocentrique. Par conséquent, la formule de Montesquieu « le cœur n’est vraiment le cœur… » peut aussi s’entendre comme suit : l’amour n’est vraiment l’amour que lorsqu’il se donne et non lorsqu’il est seulement mis au service de notre narcissisme et de notre seul plaisir sexuel, ou encore lorsqu’il s’intrique avec cette pulsion qui nous pousse à posséder l’autre.
Dès lors, que dire encore à propos de ce surnom amoureux « Mon cœur » ? Outre cette dimension de possessivité, appeler ainsi son amoureuse ou son amoureux peut témoigner d’une autre dimension de la fusion recherchée dans l’amour et dans les rapports sexuels, une fusion telle que les battements de l’un ne se distinguent plus des battements de l’autre. Ainsi, pour Louis Rey8, l’accord eurythmique des battements des cœurs crée non seulement l’unité mais aussi l’extase. S’agit-il seulement d’un effet de l’imagination ? Et sinon quelle est la cause et quel est l’effet ? Que disent les scientifiques ?
Les cardiologues connaissent ces deux expériences qui ont démontré que ce sentiment d’unité n’était pas sans au moins un substrat organique. Trente-deux couples ont participé à une première expérience qui consistait à se trouver l’un en face de l’autre sans se parler et sans se toucher. Des capteurs permettaient d’observer les battements de leur cœur et leur fréquence respiratoire. De façon inattendue, les pulsations du cœur des amoureux finissaient par battre à l’unisson tandis qu’ils inspiraient et expiraient à une vitesse similaire. Le même exercice réalisé avec de couples de volontaires qui ne se connaissaient pas permit de conclure que c’était bien l’amour qui poussait les corps à s’harmoniser.9 Où l’on voit l’effet possible du regard et de quelques autres dimensions encore peu explorées de la présence physique – l’odorat et les phéromones par exemple – sur la physiologie des amoureux.
EN CAS DE NON-RÉCIPROCITÉ
Mais l’amour et le désir vont et viennent sans que l’on puisse les maitriser. Et les psychothérapeutes, les sexologues comme les psychanalystes, ont le plus souvent affaire à des cœurs meurtris par la non réciprocité de l’amour ou du désir, à des cœurs brisés par l’infidélité de l’autre, à d’autres déchirés entre deux amours ou à d’autres encore éclatés suite à l’abandon par l’aimé(e).
Ainsi une jeune femme me confia récemment l’inquiétude qui était la sienne par rapport à la nouvelle relation amoureuse dans laquelle elle venait de s’engager. Elle m’expliqua qu’elle avait peur d’un nouvel échec et que son cœur « se brise en mille morceaux », comme lors de la rupture précédente. Tandis qu’une autre de mes patientes me confia un jour combien les relations amoureuses et sexuelles avec son amant avaient été source d’un grand bonheur et d’intenses jouissances. Hélas pour elle, son amant avait mis fin à leur relation, ne voulant pas mettre en danger le couple qu’il formait avec sa femme. Cette rupture fut une catastrophe. Plus rien ne l’intéressait dans la vie : ni son couple, ni son métier, ni ses hobbys. Elle ne se sentait plus bonne à rien. Elle s’engagea dans une thérapie analytique, en face à face une fois par semaine. Il lui fallut plusieurs mois pour sortir de cette aliénation amoureuse et de sa dépression. Heureusement, la vie renaquit de ses cendres. Notons que ces catastrophes subjectives n’épargnent pas les hommes qui peuvent en devenir impuissants, surtout si d’autres pertes surviennent en même temps : la perte d’un emploi par exemple.
Où l’on voit une fois encore l’importance subjective, vitale, d’être aimé(e) et désiré(e) en retour.
LES CŒURS DÉCHIRÉS, BRISÉS OU ECLATÉS
Mais pourquoi ces métaphores du cœur déchiré, éclaté, saignant, alors que d’autres organes sont sensibles aux ruptures amoureuses, l’organe pénien notamment, qui peut se mettre en berne plus ou moins radicalement suite à un échec amoureux, ou le vagin qui peut devenir impénétrable dans de semblables circonstances ?
Sans doute parce que ces dysfonctionnements du cœur sont plus sensibles à ceux qui les éprouvent que ceux des systèmes nerveux ou endocriniens. Sans doute aussi parce qu’il est plus facile de parler de problème de cœur que de vaginisme ou d’impuissance sexuelle.
Les variations dans le fonctionnement du cœur et les douleurs cardiaques sont non seulement plus sensibles à chacun, mais aussi susceptibles de crises plus ou moins graves. Si les rapports sexuels vigoureux et les orgasmes, aussi extrêmes soient-ils, ne causent que très rarement une crise cardiaque, les cardiologues savent qu’il existe un « syndrome du cœur brisé » ou « cardiomyopathie de stress ». Une étude sur 1750 patients publiée en 2015 dans le New England Journal of Medecine10 a montré que 27% des cas seraient l’effet du choc émotionnel provoqué par une rupture amoureuse, la perte d’un être cher, un conflit familial ou professionnel. Nouvel indice de l’impact possible du psychisme sur l’organisme. Il paraît qu’il n’existe pas encore de traitement médical de ce syndrome, mais ces observations indiquent l’importance d’un accompagnement psychologique qui aide ces femmes et ces hommes à sortir de cet isolement, ou en tout cas à vivre mieux avec lui.
Certains amoureux éconduits ne subissent pas passivement cette catastrophe. On l’a déjà dit, certains s’adressent à un thérapeute, mais d’autres optent pour le suicide ou le meurtre. Lorsque l’autre ne répond plus à la demande d’amour, la vie ne vaut plus la peine d’être vécue. Il peut s’agir, soit d’un renoncement à l’existence, soit de la révolte contre soi-même qui s’est laissé prendre dans les rets de l’amour et du désir. Dans la mesure où, par le miracle de la passion, mon coeur est le sien et son coeur est devenu le mien, l’autre chemin, emprunté par certains amants et par certaines amantes éconduits, est le meurtre de l’autre. Les enquêtes auprès des hommes et des femmes coupables de meurtres conjugaux indiquent que dans la quasi-totalité des cas, le meurtre est corrélé à l’abandon ou à la menace d’abandon.
LES APPORTS POSSIBLES DES PSYCHOTHÉRAPIES INDIVIDUELLES ET DE COUPLE
Les psychothérapies peuvent apporter aux amoureux et amoureuses en difficulté une plus grande confiance en eux, une meilleure appréhension de l’autre et du couple, une perception plus juste de ses désirs profonds, voire inconscients, une amélioration dans l’expression adéquate de ses vœux et désirs les plus chers et une sexualité plus épanouie. Il ne faudrait donc pas négliger ces apports complémentaires des psychothérapies prenant en compte les désirs et fantasmes conscients et inconscients, apports souvent utiles et parfois indispensables.
CORRESPONDANCE
Pr. (ém.) Patrick De Neuter Docteur en psychologie, psychanalyste et thérapeute de couple,
Université catholique de Louvain
Psychopathologie du couple et de la sexualité.
Directeur du Centre de formations aux cliniques psychanalytiques
(Certificat universitaire de la faculté de médecine de l’UCL)
patrick.deneuter@uclouvain.be
RÉFÉRENCES
1. Le premier texte signé V/M/D/Ter, « Le coeur au centre du cabinet de réflexion et l’initiation » est accessible sur le site de L’Edifice.net, 2010. Le second, signé E.R. et intitulé « La porte sur l’invisible » fut posté le 21 décembre 2012, sur le site http://www. ecossaisdesaintjean.org/article-la-porte-sur-linvisible-109448341.html. Le troisième, signé Pierre-Philippe R. se trouve sur le site de la Loge Apollonius de Tyane, Genève, 2016.
2. Chapsal M. Si je vous dis le mot passion, Fayard, Paris, 1999, p. 155.
3. L’espace manque ici pour d’autres occurrences. Le lecteur intéressé pourra se référer au chapitre « Amoureuses et ravageantes passions. Pourquoi cet attrait ? » in : De Neuter P. et Bastien D., Clinique du couple, Toulouse, Eres, 2007, pp. 109-134.
4. Freud S. Totem et Tabou (1912-1913), Paris, Gallimard, 1993, p. 209.
5. MIMOUN S., Ce que les femmes préfèrent. Le désir féminin, le découvrir, le cultiver, le retrouver, Paris, Albin Michel, 2008 (Le livre de Poche, 31688), pp. 15-17.
6. On prête à Oscar Wilde le bon mot suivant : « Faire un, oui, mais lequel des deux ? » Ce que Woody Allen aurait complété par la réponse suivante : « Moi évidemment ! »
7. Leuzinger-Bohleber et al. “How to study the « quality of psychoanalytic treatments » and their long-term effects on patients’ well-being: a representative, multiperspective follow-up study”. Int J Psychoanal 2003 ; 84 : 263-290. Ouvrir dans PubMed
8. Cité par Laisney V., Le miroir et le Chemin. L’univers romanesque de Pierre-Louis Rey, Paris, Presses Sorbonne Nouvelle, 2006, p. 199.
9. Chaput Janlou, Futura-Sciences, 2013.
10. Reprise notamment dans un communiqué de presse de la Fédération française de cardiologie du 13 janvier 2016 : http://www.fedecardio.org/sites/ default/files/presse/communiques/cp_tako_tsubo.pdf