P. SINGER - L'altruisme efficace

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Jean-claude Debongnie Publié dans la revue de : Avril 2019 Rubrique(s) : Ama Contacts
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Résumé de l'article :

Peter Singer est un philosophe utilitariste australien, titulaire de la chaine d’éthique à l’université de Princeton (Etats-Unis)

Article complet :

l y a quelques années, Mathieu Ricard publiait «Plaidoyer pour l’altruisme». L’auteur est un moine bouddhiste, traducteur et porte-parole francophone du dalaï-lama. Dans une autre vie, il était chercheur en biologie moléculaire à Paris. C’est dire s’il connait les deux mondes, celui de la science, celui de la spiritualité. Dans son livre, il explique que pratiquer l’altruisme, c’est travailler à son propre épanouissement.

Peter Singer est un philosophe utilitariste australien, titulaire de la chaine d’éthique à l’université de Princeton (Etats-Unis). Il s’est fait connaitre par la publication de son premier livre en 1975: La Libération animale, livre fondateur des défenseurs des droits animaux. La philosophie utilitariste, très pragmatique, ne s’embarrasse pas de problèmes philosophiques élaborés mais aborde des questions pratiques comme celle du livre: Comment faire le maximum de bien? Cela diffère des codes moraux habituels privilégiant le principe de ne nuire à personne.

Le premier aspect abordé est celui de l’efficacité de l’aide. Pour ce faire, il existe des sites, surtout américains, (Give Well par exemple) qui recommande certains organismes où un maximum d’argent arrive sans trop de frais administratifs et autres et où l’efficacité est évaluée. Cette culture de l’évaluation est pratiquée par Cécile Duflo, professeur au MIT, qui propose des expériences sociales, sortes d’essais relativement randomisés. Ceci a été testé dans le cas des incitants destinés à augmenter le taux de scolarisation des enfants, surtout des filles, comparant différentes options: donner de l’argent – le donner uniquement en cas d’assiduité scolaire – donner un uniforme gratuit – distribuer des vermifuges à l’école – sensibiliser les parents sur les salaires obtenus grâce à une scolarité plus longue. Les résultats sont inattendus: seules les deux dernières propositions sont efficaces.

Le deuxième aspect est celui de notre implication personnelle altruiste. L’auteur cite différents exemples: celui de personnes limitant leurs dépenses pour pouvoir donner (de façon efficace) jusqu’à celui d’autres qui choisissent une profession plus lucrative pour donner plus. Lui-même donne 30% de son salaire. C’est vrai qu’il existe une tradition philanthropique américaine. Et, comme le signale P. Singer, les deux plus grands altruistes efficaces sont Warren Buffett et Bill Gates (dont la fondation a réduit la mortalité globale de la malaria). Voilà pourquoi l’altruisme efficace, exemple d’éthique pratique, branche de la philosophie permet de changer le monde et de donner un sens à sa vie. «Son essor et l’enthousiasme éclairé qu’il suscite au sein de la génération du millénaire nous engagent à porter un regard optimiste sur l’avenir». La dernière phrase du livre: «Tout dépendra de la disposition de la planète à adopter ce nouvel idéal éthique: faire un maximum de bien».

Et nous, que faisons-nous?