Préservation de la fertilité chez les patientes cancéreuses : création d’un ovaire artificiel. Allogreffe de follicules murins à des souris immunodéprimées

Précédent
Jessica de Jesus Azevedo, MC. Chiti, MM. Dolmans, R. Orellana, M. Soares, F. Paulini, J. Donnez, CA. Amorim Publié dans la revue de : Juin 2016 Rubrique(s) : Mémoires de Recherche Clinique
Télécharger le pdf

Résumé de l'article :

Un grand nombre de jeunes femmes atteintes d’une pathologie maligne peuvent être guéries par des traitements anti-cancéreux tels que la chimiothérapie, la radiothérapie et la greffe de moelle...

Article complet :

Un grand nombre de jeunes femmes atteintes d’une pathologie maligne peuvent être guéries par des traitements anti-cancéreux tels que la chimiothérapie, la radiothérapie et la greffe de moelle. Cependant ces traitements sont susceptibles de causer une infertilité (Larsen et al., 2003). Afin de pouvoir préserver la fertilité des patientes qui vont bénéficier d’un traitement anti-cancéreux, plusieurs techniques ont été mises au point. La cryopréservation de tissu ovarien est la seule technique envisageable pour la préservation de la fertilité des patientes prépubères et des patientes pour lesquelles le traitement anti-cancéreux doit être débuté dans l’immédiat. Le tissu ovarien peut être regreffé ultérieurement à la patiente, lorsque celle-ci est guérie et qu’elle présente un désir de grossesse. Cependant, cette technique ne peut pas être appliquée lorsque la patiente a été atteinte d’une pathologie cancéreuse pour laquelle il y a un risque important de réimplantation de cellules malignes lors de la greffe du tissu ovarien (Dolmans et al., 2013). Afin d’éviter ce risque, l’équipe du laboratoire de recherche de gynécologie met au point un nouveau concept. Les follicules ovariens sont isolés de leur milieu environnant (par conséquent également des cellules malignes) et greffés dans une matrice créant ainsi un ovaire artificiel. L’ovaire artificiel peut être greffé chez la patiente, restaurant ainsi sa fertilité, sans risque.

Ce mémoire a pour objectif la participation à une étape de la création de l’ovaire artificiel.

La première étape pour l’ovaire artificiel était le développement d’une matrice 3-D afin de greffer les follicules isolés. Pour cela, différent polymères ont été testés. La fibrine a montré les meilleurs résultats en termes de taux de récupération des follicules après greffe, et vascularisation et dégradation de la matrice (Luyckx et al. 2014). Cependant, certaines données expérimentales restent à ce jour encore sans réponse, comme par exemple le meilleur taux de récupération après greffe des follicules secondaires par rapport aux follicules primordiaux-primaires.

L’étude décrite dans ce mémoire fut réalisée dans le but de confirmer ces résultats et d’investiguer la raison pour laquelle les follicules secondaires semblent plus résistants que les follicules primordiaux-primaires. A cette fin, des ovaires de souris NMRI ont été utilisés pour isoler des follicules préantraux. Les follicules primordiaux-primaires furent séparés des follicules secondaires formant ainsi deux groupes de follicules qui furent greffés de part et d’autre de la paroi abdominale des souris immunodéprimées (SCID) par l’intermédiaire d’une matrice de fibrine (F12,5/T1). La greffe fut maintenue pendant 2 jours chez 5 souris et pendant 7 jours chez 6 souris. La densité folliculaire après récupération des greffons après 2 jours de greffe était de 16% dans le groupe des follicules primordiaux primaires et de 40% dans le groupe des follicules secondaires. La densité folliculaire après 7 jours de greffe était de 6% dans le groupe des follicules primordiaux-primaires et de 28% dans le groupe des follicules secondaires. Un nombre plus important de follicules secondaires par rapport aux follicules primordiaux-primaires a donc été retrouvé après les 2 périodes de greffe (23%, valeur p <0,001). Les follicules présents au sein des deux groupes avant la greffe avaient une bonne viabilité. Selon les résultats obtenus par la méthode TUNEL, il n’y a pas de différence entre les deux groupes en ce qui concerne l’apoptose folliculaire après la greffe. Une analyse par l’immunomarquage Ki67 a démontré que les follicules greffés sont capables de croître. Un nombre plus important de néovaisseaux a été mis en évidence par immunomarquage CD34 dans le groupe des follicules secondaires après 7 jours de greffe. La discussion de ces résultats et les perspectives futures sont également décrits dans ce mémoire.

Références

1 Larsen EC, Muller J, Schmieglow K, Rechnitzer C, Andersen AN. “Reduced ovarian function in long-term survivors of radiation- and schemotherapy-treated childhood cancer.” J Clin Endocrinol Metab 2003: 5307-5314.

2 Dolmans MM, Luyckx V, Donnez J, Yding Andersen C and Greve T. “Risk of transferring malignant cells with transplanted frozen-thawed ovarian tissue.” Fertil Steril 2013: 1514-1522.

3 Luyckx V, Dolmans MM, Vanacker J, Legat C, Fortuno Moya C, Donnez J, Amorim CA. “A new step toward the artificial ovary: survival and proliferation of isolated murine follicles after autologous transplantation in a fibrin scaffold.” Fertil Steril 2014: 1140-1156.

4 Vanacker J, Dolmans MM, Luyckx V, Donnez J, Amorim CA. “First transplantation of isolated murine follicles in alginate.” Regen Med 2014: 609-619.