Tuberculose et déplacement forcé – Etude épidémiologique d’un programme de suivi de contacts mis en place au sein de la population syrienne réfugiée en Jordanie

Introduction

Alors que les migrations forcées induisent une augmentation du risque de transmission de la tuberculose (TB), cette étude propose d’étudier les résultats d’un programme de suivi de contacts mis en place par le National Tuberculosis Program (NTP) jordanien au sein de la population réfugiée syrienne.

Objectifs

Les objectifs de cette étude sont de déterminer 1. Les prévalences de tuberculose active et latente au sein de la population de contacts 2. L’existence de facteurs de risque d’infection au sein de cette même population. 3. Si le programme mis en place atteint les critères de performance définis par différentes guidelines internationales

Méthode

Cette analyse transversale inclut tous les réfugiés syriens pris en charge pour une tuberculose pulmonaire par le NTP jordanien de janvier 2011 à mai 2014 (N=76) ainsi que leurs contacts ayant subi un screening médical (N=481). 24 variables ont été récoltées dans leurs dossiers médicaux et enregistrées en vue de mener une analyse statistique descriptive, uni- et multivariée.

Résultats

Au sein des contacts ayant subi un test Mantoux, la prévalence de tuberculose latente s’élève à 24,1% toutes catégories d’âge confondues et à 26,2% chez les moins de 5 ans. La prévalence de tuberculose active s’élève à 2,1% dans l’ensemble des contacts et à 5,3% chez les contacts de moins de cinq ans. Le risque d’infection est significativement plus élevée chez les contacts de patients dont le diagnostic de tuberculose a été bactériologiquement confirmé (OR: 6,33) ainsi que lorsque d’autres antécédents de tuberculose dans la famille ont été enregistrés (OR: 4,94). Le fait d’avoir sa tante, mère ou grand-mère atteinte est également un facteur risque chez les enfants de moins de quinze ans (OR : 2,83). Le programme mis en place atteint 3 des 4 objectifs d’efficacité définis par les recommandations internationales.

Conclusions

Nos résultats indiquent qu’un programme de suivi de contacts peut être implanté avec succès au sein d’une population réfugiée et satisfaire aux critères de performance internationaux. Nos résultats confirment l’importance d’évaluer en priorité les enfants et les contacts de patients présentant une tuberculose bactériologiquement confirmée. Compte tenu des spécificités liées à l’épidémiologie de la tuberculose au sein de la population étudiée et au développement des infrastructures sanitaires en Jordanie, il conviendrait d’évaluer l’efficacité de tels programmes dans des contextes disposant de ressources financières et humaines plus limitées.