Discours des délégués

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Jihan Bounja Pauline Charlier, Elisa Collin, Lucas Di Primio, Léopold Garin Publié dans la revue de : Octobre 2024 Rubrique(s) : Ama Contacts
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Résumé de l'article :

Chers amis, ou plutôt devrais-je dire chères consœurs et chers confrères,

Quelle différence avec nos habituelles prises de parole, improvisées entre deux cours dans les auditoires Roi Baudouin, n’est-ce pas ? N’ayez crainte, cette fois-ci, pas de nouvelle deadline à respecter ni de formulaire à compléter. Si nous sommes ici aujourd’hui, c’est pour célébrer. Célébrer la fin d’un chapitre dans nos vies : celui de nos études de médecine. Et il faut reconnaitre que c’est émouvant pour nous de tourner cette page à vos côtés.

Article complet :

Chers amis, ou plutôt devrais-je dire chères consœurs et chers confrères,

Quelle différence avec nos habituelles prises de parole, improvisées entre deux cours dans les auditoires Roi Baudouin, n’est-ce pas ? N’ayez crainte, cette fois-ci, pas de nouvelle deadline à respecter ni de formulaire à compléter. Si nous sommes ici aujourd’hui, c’est pour célébrer. Célébrer la fin d’un chapitre dans nos vies : celui de nos études de médecine. Et il faut reconnaitre que c’est émouvant pour nous de tourner cette page à vos côtés.

Face à cette foule réunie dans une même salle, impossible de ne pas se remémorer l’examen d’entrée au palais du Heysel. Rappelez-vous, 2 721 candidats ont tenté leur chance pour accéder aux études de médecine et dentisterie en cet été 2018. Pour une partie de notre promotion, c’est là que le parcours a débuté. Une journée intense, 4 matières à présenter le matin, 4 l’après-midi. Des surveillants qui circulaient à vélo entre les rangées de tables au-dessus desquelles, concentrés, étaient penchés de grands adolescents fraîchement diplômés de secondaire. Une immense horloge projetée sur un écran de cinéma, pour nous rappeler que la médecine ne nous attendra pas.

Aujourd’hui, 6 ans se sont écoulés en un clin d’œil. 6 années d’étude, mais aussi de fêtes, de rires, de joie, d’amitié et d’amour. Quel chemin parcouru depuis ! Chacun de nous a dû tracer sa propre voie à travers ces 6 années semées d’embuches. Certains ont connu le concours en fin de première. Quelques-uns avaient entamé d’autres études avant de s’orienter vers la médecine. Il y en a qui ont même quitté leur pays pour venir étudier ici. D’autres encore ont travaillé pour financer leur formation, ou ont construit une famille en parallèle de leurs études. Quel que soit le chemin emprunté, on peut dire qu’il ne fut pas de tout repos. Chacun à notre manière, nous avons su braver des étapes qui nous ont, un jour, paru insurmontables. Souvenez-vous à quel point le simple fait de prendre une tension ou de faire une prise de sang nous semblait compliqué il y a quelques années. Il y a eu les TP de dissection en pleine crise Covid, les oraux d’anatomie, l’examen de physiologie, les cours qui finissaient à 18h un vendredi soir, alors que tous nos amis avaient déjà bien entamé les amusements du weekend. Sans oublier cette dernière année de stage, clôturée en beauté, si l’on peut dire, par le mammouth et les concours. Comme si ce n’était pas suffisant, alors que nous étions en début de master, le gouvernement a menacé de ne pas octroyer de numéro INAMI à tous les étudiants sortants. S’il y a bien un enseignement à tirer de tout cela, c’est que ce titre de médecin, si durement acquis, ne nous immunise pas contre l’adversité. Tout au long de notre carrière professionnelle, et de notre vie en général, de nouvelles difficultés se présenteront à nous. Mais les adolescents que nous étions il y a 6 ans sont aujourd’hui devenus des adultes, prêts à affronter ces difficultés à la lumière de ce que nous ont appris nos études. Prenons conscience des innombrables ressources que nous avons développées, dont cette soirée de célébration est le témoin.

Nous tenons à profiter de ces quelques minutes qui nous sont accordées pour remercier l’ensemble du corps professoral et des représentants académiques, présents ou non ce soir, sans qui nous ne serions pas devenus les adultes que nous sommes. Certes, nous, délégués et étudiants, avons à plusieurs reprises été en conflit avec vous. Des diapositives postées en retard sur Moodle, une question d’examen portant sur une matière non vue en auditoire, un cours non enregistré alors qu’une partie de l’auditoire se voyait obligée d’assister à un TP au lieu de suivre le cours… On peut dire que votre parcours de professeur a lui aussi été semé d’embuches, dont nous sommes en partie responsables. Malgré cela, nous sommes toutes et tous conscients du sacrifice personnel et professionnel que représente une carrière académique, et nous ne vous remercierons jamais assez pour tout ce que vous nous avez enseigné, en matière de médecine mais pas uniquement. Merci également aux médecins qui nous ont transmis leurs savoirs et savoir-faire durant les stages. Certains d’entre eux ont été de véritables modèles pour nous, pratiquant une médecine qui nous ressemble, et incarnant des valeurs qui nous tiennent à cœur. Aujourd’hui nous reprenons le flambeau en devenant nous-mêmes médecins, et nous souhaitons à toutes nos consœurs et tous nos confrères dans cette salle de devenir à leur tour des personnes ressources pour les plus jeunes.

Bien évidemment, nous n’oublions pas non plus notre entourage personnel, sans qui nous n’aurions jamais pu écrire ce chapitre de nos vies. Certes, nous étions seuls face à nos copies d’examen. Mais derrière chaque étudiant proclamé ce soir se cachent des proches dont le soutien sans faille fut déterminant. Alors merci ! Merci aux conjoints, aux parents et grands-parents, aux frères et sœurs, et aux amis. Merci à ceux qui nous ont accompagné avec bienveillance, à ceux qui ont accepté nos silences aux repas de famille, notre absence, notre mauvaise humeur, nos râleries. Merci à vous, qui nous avez prêté vos rires les jours de célébration, vos épaules pour pleurer les jours de déception, vos oreilles attentives les jours où nous avions besoin de nous plaindre d’un blocus trop stressant, d’une session trop longue, d’un examen trop difficile, ou d’un professeur trop intimidant à l’oral.

Enfin, merci à vous, nos collègues d’auditoire. Car bien évidemment, pour écrire un bon chapitre de roman, il faut d’abord et avant tout des personnages dignes de ce nom. Ces 6 années furent ainsi 6 années de rencontres et de relations nouées pour la vie. Merci pour tous ces moments de rire et de joie, dans l’auditoire comme en-dehors. Merci d’avoir créé un environnement de solidarité et d’entraide, malgré la pression imposée par les concours. Dès à présent, nous sommes médecins, mais les relations de confraternité ont commencé il y a 6 ans. En tant que délégués, nous ne vous dirons jamais assez à quel point nous sommes fiers de l’auditoire que nous avons eu la chance de représenter. Et si c’était à refaire, nous le referions sans hésiter à vos côtés.

Alors oui, chacun de nous ici présent a tracé sa propre voie à travers ces 6 années d’étude. Néanmoins, ce soir, tous ces chemins convergent. Vers notre diplomation, bien sûr, mais aussi vers ce même objectif, cette même passion qui nous a animé tout au long du parcours et nous a poussé à garder la tête haute malgré les embuches : prendre soin des autres. Nous sommes désormais porteurs d’un titre dont nous devons être à la hauteur. Durant toute notre carrière, à chaque instant, gardez à l’esprit cet objectif qui vous a poussé à devenir médecins. Gardez à l’esprit ces valeurs d’entraide, de solidarité, de perfectionnisme qui vous ont amené ici ce soir, et dans quelques décennies, vous pourrez être aussi fiers de votre carrière médicale que vous l’êtes aujourd’hui de votre parcours estudiantin.