L’eczéma de contact allergique aux gants en caoutchouc synthétique chez le personnel soignant

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Guillaume Dejonckheere Publié dans la revue de : Novembre 2018 Rubrique(s) : Mémoires de Recherche Clinique
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Résumé de l'article :

Promoteur

Pr Marie Baeck

Co-promoteur

Dr Anne Herman

Mots-clés

Eczéma de contact allergique, personnel soignant, gants en caoutchouc, accélérateurs de vulcanisation, vulcanisation du caoutchouc

Article complet :

CONTEXTE

Un nombre croissant d’hôpitaux, comme les Cliniques universitaires Saint-Luc en décembre 2010 (une première en Belgique), ont décidé de complètement abandonner le latex afin d’éviter les réactions allergiques IgE médiées (pouvant mener à de l’anaphylaxie). Cette mesure concerne notamment plus de 300.000 paires de gants stériles par an. Depuis lors, de nombreux soignants ayant travaillé des années sans présenter de réaction allergique ont développé un eczéma de contact aux nouveaux gants. Les principaux allergènes incriminés sont les accélérateurs de vulcanisation.

 

OBJECTIFS

Réaliser une analyse rétrospective des cas observés aux Cliniques universitaires Saint-Luc à Bruxelles afin d’identifier les allergènes en cause et de discuter des alternatives pour les sujets sensibilisés.

 

MATÉRIELS ET MÉTHODES

L’étude a été menée sur une population de 44 soignants manifestant un eczéma des mains suite au port de gants en caoutchouc synthétique. Les résultats ont été collectés de septembre 2010 à décembre 2017. Des tests épicutanés contenant la batterie standard européenne et la batterie des caoutchoucs (Chemotechnique, Vellinge, Suède) ont été réalisés. Des morceaux de gants employés par les patients ainsi que des gants ne comportant pas d’accélérateurs de vulcanisation ont également été testés.

 

RÉSULTATS

Les tests cutanés ont mis en évidence que (i) le carba mix - un mélange contenant deux carbamates et de la 1,3-diphénylguanidine (DPG) - a engendré 37 réactions positives, soit 84% de la population étudiée (ii) 38 sujets étaient sensibilisés à la diphénylguanidine, soit 86% et (iii) 13 sujets (30%) ont présenté une réaction positive au thiuram mix. Concernant les gants, les Esteem® Micro (secondairement renommés Protexis® Micro) ont provoqué une réaction chez 12 des 23 sujets testés. Ces gants contiennent de la DPG. Les gants sans accélérateurs de vulcanisation (Gammex® Dermaprène, Gammex® Sensoprene, Sempermed® Synthégra, Biogel® Neoderm) n’ont engendré aucune réaction positive.

 

CONCLUSION

La DPG est l’allergène occasionnant le plus grand nombre de réactions positives, loin devant les thiurams, autrefois décrits comme les accélérateurs les plus sensibilisants. Nous recommandons de ce fait l’usage de gants stériles exempts de DPG. Aucun sujet n’a réagi aux gants sans accélérateurs, confirmant leur efficience auprès des soignants allergiques. Suite à ces résultats, des recommandations de nouveaux gants aux Cliniques universitaires Saint-Luc ont été formulées.

 

AFFILIATIONS

Cliniques universitaires Saint-Luc, Service de Dermatologie, avenue Hippocrate 10, B-1200 Bruxelles