J. De Greef, L. Pothen, H. Yildiz,W. Poncin, G. Reychler, S. Brilot, S. Demartin, E. Lagneaux, R. Lattenist, J. Lux,G. Pierman, G. Vandercam, S. Wallemacq, A. Scohy , A. Verroken, B. Mwenge, G. Liistro, A. Froidure, C. Pilette, L. Belkhir, J-C. YombiMai 2020
Le monde est confronté à une grave pandémie nommée COVID-19 due au nouveau virus SARS-CoV-2, qui a commencé en Chine en décembre 2019. Le COVID-19 peut être particulièrement grave et mortel dans certains groupes tels que les personnes âgées ou présentant certaines comorbidités (maladies cardiovasculaires, BPCO, diabète, maladies rénales chroniques et cancer). Chez les sujets symptomatiques, la présentation clinique est légère dans environ 80% des cas, modérée à sévère dans 15% des cas et critique dans 5% des cas. Les symptômes les plus courants du COVID-19 sont la fièvre, la fatigue, les douleurs musculaires, la toux sèche. Certains patients peuvent présenter une congestion nasale, une anosmie, un mal de gorge ou une diarrhée. Les patients atteints d'une maladie grave peuvent développer un syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA), un choc, des manifestations thrombo-emboliques, une défaillance multiple d'organes et sont à risque de décès. Les patients COVID-19 atteints de SDRA ont un mauvais pronostic avec une mortalité estimée à plus de 10%. La transmission du SARS-CoV-2 se fait principalement par les gouttelettes respiratoires ; l’hygiène des voies aériennes et des mains est donc capitale. Le diagnostic est réalisé par RT-PCR sur frottis naso-pharyngé ou oro-pharyngé et, dans les cas suggestifs, par CT-scanner, grâce à sa sensibilité élevée. Il n’existe pas à l’heure actuelle de traitement spécifique bénéficiant d’une évidence robuste d’efficacité clinique. De nombreuses molécules sont encore en cours d’étude ; le traitement est donc principalement supportif.
Laura Orioli, Michel P. Hermans, Vanessa Preumont, Audrey Loumaye, Jean-Paul Thissen, Orsalia Alexopoulou, Raluca Furnica, Maria-Cristina Burlacu, Dominique Maiter, Jean-Cyr Yombi, Bernard VandeleeneMai 2020
Le diabète est l’une des comorbidités le plus fréquemment rapportées chez les patients atteints de COVID-19. Selon les données actuelles, les patients diabétiques ne semblent pas davantage exposés à l’infection par le SARS-CoV-2 que la population générale. En revanche, le diabète apparait comme un facteur de risque d’évolution vers des formes sévères et critiques de COVID-19. Ces dernières requièrent une admission aux soins intensifs voire le recours à la ventilation mécanique invasive et peuvent mener au décès. Les caractéristiques des patients diabétiques atteints de COVID-19 ainsi que l’impact pronostique du diabète sur l’infection par le SARS-CoV-2 font l’objet d’études dédiées. L’obésité, principal facteur de risque de survenue du diabète de type 2, est également plus fréquente chez les patients atteints de formes critiques requérant un support ventilatoire invasif. D’autre part, le COVID-19 péjore l’équilibre glycémique et favorise la survenue de complications métaboliques telles que l’acidocétose. Au moment de la rédaction de cet article, il n’existe pas de recommandations prônant l’interruption des médications anti-hypertensives qui interagissent avec le système rénine-angiotensine-aldostérone. En raison du risque d’acidose lactique et d’acidocétose, la metformine et les inhibiteurs des SGLT2 seront interrompus dans les formes sévères de COVID-19. Enfin, nous conseillons un dépistage systématique du (pré)diabète chez les patients présentant une infection par le SARS-CoV-2 démontrée.
Marie Baeck, Caroline Peeters, Marie Cuvelier, Laetitia Fameree, Evelyne Harkemanne, Fanny Ickx, Margaux Mairlot, Marine Matthews, Nina Nielens, Laura Nobile, Romane Thirion, Anne HermanMai 2020
Les manifestations cutanées sont considérées comme des présentations peu fréquentes du COVID-19. Malgré les cas émergeants dans la littérature, aucun lien de causalité n’a, à ce jour, pu être formellement démontré. Parmi les lésions cutanées associées aux COVID-19 notons : i. des éruptions classiquement virales ou paravirales (exanthème, urticaire, érythème polymorphe) ; ii. des éruptions cutanées secondaires aux conséquences systémiques du COVID-19 (vascularite ou vascularopathie thrombotique) ; iii. des éruptions induites par des médicaments prescrits dans le cadre du COVID-19 ; iiii. et des lésions cutanées telles que les engelures qui sont probablement une conséquence indirecte de la pandémie COVID-19 et des mesures de confinement.
Dès le début de la crise du COVID-19, les médecins ont alerté la communauté scientifique sur l’apparition des problèmes respiratoires aigus sévères liés à des atteintes pulmonaires virales. Ces pneumonies entraînent pour la grande majorité des patients la nécessité d’une oxygénothérapie et dans 5 à 10% des cas le recours à une ventilation assistée voire la mise en place d’une ECMO en cas de situation incontrôlée. Les facteurs de mauvais pronostic observés sont principalement l’âge, la présence de comorbidités dont l’HTA, le diabète, ou l’obésité mais aussi les maladies cardio-vasculaires (CV). Les coronavirus sont connus pour attaquer le système CV, et il semble par ailleurs que le virus puisse s’attaquer directement au muscle cardiaque. Des données relayées par les médecins chinois, italiens e.a. démontrent qu’en dehors des poumons, des malades développent des problèmes cardiaques parfois sévères sous forme de myocardite aigue, d’un syndrome coronaire aigu (SCA), ou des arythmies entraînant chez les plus atteints de l’insuffisance cardiaque, un état de choc ou un arrêt cardiaque. Une atteinte cardiaque est donc un facteur qui concourt au mauvais pronostic de l’affection virale et qu’il faut détecter. Les malades qui ont un SCA mais dont le tableau pulmonaire est à l’avant plan risquent de voir leur prise en charge cardiologique dangereusement retardée. À l’inverse, des patients qui se présentent avec un tableau d’apparence purement « cardiologique » risquent de ne pas être adéquatement diagnostiqués comme COVID-19. Enfin, l’attention portée sur le COVID-19 et la peur du patient vis-à-vis de la contagiosité de ce virus risquent de retarder leur venue à l’hôpital. Ces données impactent directement la façon dont les médecins et les hôpitaux doivent penser aux patients cardiaques COVID-19, en particulier dès les premiers signes de la maladie. Il est donc primordial de disposer de recommandations pour la prise en charge de toutes les personnes ayant des problèmes cardiaques préexistants et ceux dont l’atteinte myocardique par le virus est démontrée.
Poser rapidement le diagnostic de COVID-19 – récemment renommé COVID – avec le plus d’exactitude possible est la pierre angulaire du contrôle de la pandémie. Mais cette évidence partagée par tout un chacun se heurte au caractère véritablement multiforme de l’infection par le SARS-CoV2, appelée COVID-19 : à côté des formes restant totalement asymptomatiques, on observe en effet des formes légères ou pauci-symptomatiques, des formes modérées à sévères, ces dernières nécessitant des soins hospitaliers, et enfin des formes très graves nécessitant une admission en soins intensifs et une ventilation assistée. L’ensemble de ces manifestations de l’infection virale est susceptible de contribuer à la transmission du virus dans les collectivités. Parmi les tests diagnostiques qui nous permettent de confirmer le COVID, la réaction de transcription inverse suivie d’une réaction de polymérisation en chaîne quantitative en temps réel (RT-qPCR), et le test de diagnostic rapide basé sur la détection de l'antigène spécifique du SARS-CoV-2 sont deux méthodes utilisées dans la phase précoce des manifestations infectieuses. Les tests de détection des anticorps sériques (ELISA et test de flux latéral) sont utilisés dans la phase ultérieure et après la guérison. En l’absence de « test de référence » parfait, les sensibilités et spécificités respectives citées dans les différentes études doivent être considérées avec prudence et ne seront donc que brièvement commentées.
L’épidémie de COVID-19 a entrainé en mars 2020 le déclenchement du Plan d’Urgence Hospitalier (PUH) dans les hôpitaux belges. Le service d’anesthésiologie des Cliniques universitaires Saint-Luc (CUSL) a mis en place une série de mesures pour adapter son flux de travail à la situation tout en assurant la continuité des soins. Cela a inclus une réorganisation du bloc opératoire, de la maternité et de leurs équipes, l’introduction d’équipement de protection personnel, la réalisation et la mise en application de protocoles pour la prise en charge anesthésique, et enfin l’organisation de séances de simulation pour former le personnel et mieux préparer les équipes.
Ces mesures sont nécessaires pour assurer la qualité des soins, mais également diminuer le risque de contamination des autres patients et du personnel soignant.
L’article a pour but de décrire et de discuter les recommandations de prise en charge de l’hyperglycémie chez le patient diabétique de type 2 publiées en 2020 par les Associations américaine (ADA) et européenne (EASD) de diabétologie. À côté des mesures hygiénodiététiques, la metformine reste le médicament de première ligne. Au stade de la bithérapie, le choix du second médicament est conditionné par le passé cardiovasculaire ou rénal du malade. Les médicaments à bénéfice de cardio-et néphroprotection occupent désormais une place privilégiée en particulier en prévention secondaire. Ces recommandations définissent une prise en charge structurée qui doit être adaptée pour chaque pays en fonction des règles internes.
La sexualité et l’intimité font partie des multiples facettes essentielles à la qualité de vie des adultes. La dysfonction sexuelle est l’une des complications d’un accident vasculaire cérébral (AVC) la plus sous-estimée et la plus sous-évaluée. Elle est souvent tue par les patients et très peu, voire pas du tout abordée par les professionnels de la santé. La cause de la dysfonction sexuelle après un accident vasculaire cérébral est d’origine multifactorielle, impliquant des facteurs anatomiques, des facteurs physiques, psychologiques et culturels. Le retour à une sexualité fait partie des objectifs de récupération après un AVC. Le diagnostic de la dysfonction sexuelle et son traitement doivent faire partie de la rééducation et la réadaptation après un AVC. Dans cette revue narrative, nous analysons la littérature concernant la sexualité de patients ayant été victimes d’un accident vasculaire cérébral (AVC). Nous abordons également l’attitude des professionnels de la santé vis-à-vis de la sexualité au sein de cette population. Les articles pertinents ont été identifiés en utilisant la base de données Pubmed avec l’aide des mots clés tels que « stroke », « sexuality », « stroke rehabilitation », « sexuality after stroke », ainsi que leurs combinaisons. Nous présentons ici les résultats de cette recherche bibliographique concernant la sexualité des patients après un AVC, les facteurs de risque influençant la sexualité et les pistes existantes de réadaptation sexuelle disponibles.
Notre système de soins n’est plus durable, même à court terme. Un nouvel écosystème doit impérativement remplacer l’existant. Les mots clés de ce nouvel écosystème sont : internet des objets, big data, intelligence artificielle, cloud et blockchain. Dans un tel système, le patient devient connecté et génère une énorme quantité de données. Seule l’intelligence artificielle permet d’en extraire l’information utile qui nous servira à affiner le diagnostic et à faire des choix de traitement pertinent et personnalisé.
La démographie nous oblige à connecter les patients et à délocaliser les soins, tant au niveau de la première ligne qu’au niveau des soins spécialisés. La connexion permet un flux de données caractérisé par la vitesse d’acquisition, le volume, la variabilité et il nous incombe d’en assurer la véracité pour ne pas biaiser l’intelligence artificielle. La robotisation s’impose partout, y compris dans le monde des soins. Faisons le pari qu’elle permette un retour vers les vraies valeurs des métiers liés aux soins comme la communication, le travail en équipe et l’empathie.
Au titre de rédacteur en Chef, je ne peux que me réjouir et me féliciter de partager avec vous cette 5ème édition de notre revue consacrée aux innovations.
Depuis plusieurs années, en effet, alimenté par le succès des éditions précédentes, le numéro de février du Louvain Médical offre une rétrospective des nouveautés de l’année précédente.