Les signes cliniques et symptômes hémorragiques constituent un motif fréquent de consultation, tant en médecine générale que spécialisée. Une anamnèse approfondie, incluant les antécédents personnels et familiaux, se révèle être l’élément prédictif majeur du diagnostic d’une affection hémorragique. L’emploi d’un score clinique hémorragique s’impose comme une démarche de première ligne. Le bilan biologique de routine de la coagulation, même si utile, ne suffit pas à exclure formellement la présence d’un déficit hémostatique. En cas de forte suspicion, il est impératif de solliciter un bilan biologique exhaustif qui évalue l’hémostase primaire, les facteurs de coagulation ainsi que la fibrinolyse. Cette approche clinique et biologique permet de soupçonner le caractère acquis ou héréditaire d’un trouble de la coagulation, tout en identifiant son étiologie et sa sévérité. Parmi les étiologies congénitales généralement documentées, on dénombre les thrombopathies, la maladie de von Willebrand, l’hémophilie A/B, ainsi que les déficits en Facteurs tels que le Facteur VII et le Facteur XI, sans oublier l’hyper-fibrinolyse. Cependant, le bilan ne sera pas contributif pour une proportion importante des patients. On évoquera le diagnostic de tendance hémorragique d’origine indéterminée, qu’il faudra veiller à ne pas sous-estimer. Lors de l’utilisation des traitements hémostatiques, la priorité doit être de garantir un contrôle ou une prévention efficace des saignements, tout en évitant d’exposer les patients à des thérapies superflues et non dénuées de risques tels que les allergies, l’immunisation, les infections ou même des complications thrombotiques.
Cet article présente les avantages d’une intervention mobile en pédopsychiatrie périnatale et de la collaboration entre professionnels pour offrir des soins adaptés aux besoins individuels des bébés et des familles en situation de vulnérabilité psychique. Après avoir décrit le cadre d’intervention mobile en pédopsychiatrie périnatale, un cas clinique est présenté, décrivant l’analyse de la demande, les premières observations, le tissage d’un réseau autour de la famille et l’évolution clinique. Les points de repères pour le travail en réseau de soins et les bénéfices de cette approche sont également détaillés. Cet article souligne l’importance d’une approche collaborative et flexible pour garantir des parcours de soins adaptés aux besoins spécifiques des bébés et de leurs familles.
La dermatite atopique (DA) est une dermatose inflammatoire chronique et prurigineuse qui peut avoir un impact considérable sur la qualité de vie des patients et de leurs familles. Outre les signes et symptômes cutanés, de plus en plus d'éléments suggèrent que la DA est de nature systémique. Il est essentiel de chercher des explications à la fréquence plus élevée des troubles cardiovasculaires, métaboliques, neuro-psychiatriques ou encore auto-immuns, qui sont observés chez les patients atteints de DA. Certaines maladies peuvent coexister avec la DA en raison de la coïncidence d’exposition à des facteurs environnementaux similaires. Mais on suggère aussi que la DA exerce un effet synergique avec l'inflammation présente dans d'autres organes et systèmes, comme c'est le cas dans d'autres maladies inflammatoires à médiation immunitaire. Par ailleurs, ces comorbidités pourraient aussi être directement liées à la physiopathologie de la DA, par le biais de mécanismes génétiques et immunologiques communs. Ces comorbidités sont fréquemment méconnues ou sous-évaluées. Il est donc fondamental d’informer les cliniciens sur l’existence de celles-ci. Le traitement et la prise en charge de la DA auront donc un impact non seulement sur les lésions cutanées, mais aussi sur la prévention du développement des diverses comorbidités. Chez certains patients, il convient d'encourager une approche multidisciplinaire, dans laquelle la charge globale de la DA et ses comorbidités (atopiques et non atopiques) sont évaluées et prises en charge.
Il existe une prévalence croisée de 3 conditions cardio-métaboliques (CM) dans le diabète de type 2 (DT2), à savoir l’insuffisance rénale chronique (IRC), les maladies cardiovasculaires (CV) ischémiques, et les insuffisances cardiaques (IC) à fraction d’éjection réduite, préservée ou mixte.
Michel P. Hermans MD PhD DipNatSci DipEarthSci DipGeogEnv PGCert (SocSc)
Endocrinologie & Nutrition, Cliniques universitaires St-Luc
Ce numéro de printemps de l’Ama Contacts est consacré à l’obésité. Le comité de rédaction de la Revue a ciblé une approche originale de ce problème majeur de santé en l’abordant sous l’angle « médico-médical » mais aussi à travers le prisme sociétal.
Infarctus myocardique néonatal : une entité rare et complexe
Nancy Laval (1,2), David Bienjonetti-Boudreau (3), Joaquim Miro (3), Sophie Tremblay (1), Christophe Vô (3,4)Mai 2023
Bien que l’infarctus du myocarde soit une cause majeure de mortalité dans le monde, cette pathologie est peu fréquente en pédiatrie et principalement en période néonatale. Les cas décrits dans la littérature sont peu nombreux. Alors qu’il existe de multiples recommandations en cardiologie adulte, il n’existe pas de réel consensus mondial sur la prise en charge chez le jeune enfant bien que certaines étiologies soient bien établies. Cet article rapporte un cas de réanimation néonatale complexe chez un nouveau-né avec un diagnostic confirmé d’infarctus du myocarde au premier jour de vie. Ce rapport de cas permettra de faire une revue récente de la littérature à ce sujet et établir une prise en charge optimisée.
Antoine Lété (1), Stella Marchetta (2), Julien Djekic (3), Thierry Couvreur (3), Philippe Evrard (2), Bruno Raskinet (2), Olivier Gach (2)Avril 2023
La myocardite réactionnelle au vaccin contre la COVID-19 a progressivement été observée durant la campagne de vaccination massive de la population. Elle suit le plus souvent la deuxième dose, survient endéans les 5 jours après l’injection du vaccin et touche davantage les individus jeunes de sexe masculin.
Son incidence est rare et la présentation clinique est le plus souvent légère, le taux de mortalité étant extrêmement faible, l’évolution est généralement favorable, sans séquelle à long terme. Bien que les mécanismes physiopathologiques en cause ne soient pas tout à fait élucidés à ce jour, plusieurs hypothèses ont été avancées. Enfin, le risque faible de myocardite post-vaccinale est à mettre en balance avec les bénéfices de santé publique indéniables du vaccin comparé aux risques de complication sévère inhérents à l’infection par la COVID-19 elle-même.
Arrêt de l’alimentation et de l’hydratation en « faim » de vie
Thibaud De Blauwe (1), Michèle Pieterbourg (2)Avril 2023
L’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation en fin de vie est une décision parfois difficile, tant pour les soignants que pour les familles. Il s’agit d’une action à haute valeur symbolique et à charge émotionnelle/affective tout aussi importante. Il y a, parmi les équipes soignantes, une méconnaissance de la physiopathologie de l’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation, responsable d’une crainte de « faire mourir de faim ou de soif » le patient. La compréhension de ces mécanismes physiopathologiques et des symptômes en lien avec le jeûne prolongé, acquise grâce à des expériences américaines et anglaises durant la seconde guerre mondiale, nous permet de les expliquer aux familles ou aux équipes en souffrance et, ainsi, tenter d’apaiser leur crainte entourant cette situation. Ce travail tente de résumer ces problématiques, afin de proposer aux soignants des pistes pour anticiper leurs questions et celles des familles au sujet de la question de l’arrêt de l’alimentation/hydratation en situation palliative avancée.
Améliorer l’empreinte carbone de l’hôpital : l’exemple des...
Pierre Lepoivre (1), Natalia Magasich-Airola (2)Avril 2023
La modification du climat par les activités humaines représente un danger pour la vie des générations futures. Le système de santé est un acteur important du réchauffement climatique, soit directement par le rejet d'anesthésiants gazeux à effet de serre, soit indirectement par la consommation de grandes quantités d'énergie, de matériels médicaux à usage unique et par la production de déchets. Cette revue narrative de la littérature synthétise brièvement les données majeures actuelles concernant l'impact environnemental des activités en salle d'opération. Elle a aussi l'objectif plus positif de présenter des initiatives récentes qui ont été mises en œuvre avec succès pour réduire l'empreinte carbone et la pollution associées aux services d'anesthésie et de chirurgie, en suivant la règle des 5R : réduire, recycler, réutiliser, repenser et rechercher.
Hommes Auteurs de Violences Conjugales Étude Qualitative sur...
Antoine Chaumont (1), Yasmin Abid (2), Ségolène de Rouffignac (2)Avril 2023
Introduction
Malgré la prévalence des violences conjugales (VC) en Belgique, rares sont les études qui s’intéressent au rôle de la médecine générale dans la prise en charge des auteurs de VC. Quelle est l’expérience des médecins généralistes belges dans la prise en charge des hommes auteurs de violences conjugales ? Méthode
Une étude qualitative a permis d’explorer l’expérience des médecins généralistes belges dans la prise en charge des hommes auteurs de VC. C’est à travers un échantillonnage par effet « boule de neige » et des entretiens individuels semi-dirigés que nous avons pu sonder l’expérience de cinq médecins généralistes. L’hétérogénéité recherchée des profils en termes de genre, d’âge, d’années d’expérience, de type et de lieu de pratique a permis d’obtenir un échantillon riche et divers. Balisés par un guide d’entretien et ensuite strictement retranscrits, ces cinq entretiens ont fait l’objet d’une analyse inspirée de la théorisation ancrée. Résultats
Trois thèmes principaux relatifs à l’expérience des médecins ont été identifiés : [1] Par quels moyens les médecins identifient-ils ou elles les hommes auteurs de VC et comment leur donner une place en tant que patients ? L’identification se fait majoritairement via la femme victime. Il y a peu d’auto-identification des auteurs de VC. Il s’agit d’une vision « victim-centred ». L’importance du lien thérapeutique avec l’homme auteur de VC est mise en avant. [2] Le deuxième thème met en lumière un tabou généralisé des répondant.e.s envers les hommes auteurs de VC, impactant leur prise en charge. Il propose la communication et la verbalisation afin d’inscrire [3] la médecine générale dans un système réseau centré sur l’homme auteur de VC. Ce système est nécessaire à un accompagnement et une prise en charge multidisciplinaire adéquate des hommes auteurs de VC. Conclusion
Il existe un tabou systémique généralisé autour des hommes auteurs de VC. La médecine générale participe à ce tabou. Il y a une déresponsabilisation de celle-ci qui amène à un manque de prise en charge des auteurs de VC. Un système réseau est indispensable pour une prise en charge adaptée des hommes auteurs de VC. D’autres études sont nécessaires pour évaluer le rôle de la première ligne en vue de la prévention du recours à la violence conjugale.